Dans ces espaces partagés, s'entremêlent travail, formation, culture ou encore activités sociales.
Lieux d'échange et de rencontre, les tiers-lieux sont devenus des acteurs incontournables du "vivre et faire ensemble", mais les confinements ont précarisé ces bureaux de coworking, laboratoires de fabrication et autres espaces culturels. Au petit FabLab 86, dans le XI arrondissement de Paris, les locaux sont encombrés d'imprimantes 3D et autre découpeuse laser et par un atelier de bricolage et de menuiserie. Ce vendredi, trois quadragénaires, sans masque, entourent Nicolas, penché sur un prototype de capteur de niveau d'eau.
"Je réside entre la France et le Brésil, je m'y suis inscrit pour trouver les outils me permettant de fabriquer un capteur pour ma gigantesque citerne au Brésil", explique ce Français de 51 ans, qui vient ici deux fois par semaine depuis la fin des restrictions sanitaires. Avec pour objectif de transporter son outil vers son pays de résidence. A 11 ans, Yacine, est un autre habitué. A la sortie de classe, l'adolescent s'installe souvent à côté de son "mentor", derrière un ordinateur. C'est ici qu'il a fait ses premiers pas en informatique avant le confinement et qu'il revient, ravi de reprendre ses dessins en 3D.
Une enveloppe de 130 millions d'euros
Cet espace n'a pas encore retrouvé son activité d'avant la crise sanitaire. "Les gens ont compris que le fait de ne pas prendre les transports et se déplacer coûte moins cher en argent et en temps", a constaté Georges Mendès, 44 ans, manager du Petit Fablab 86. Selon Patrick Levy-Waitz, président de l'association nationale France Tiers-Lieux, "environ 2.500 espaces" sont ouverts en France métropolitaine (dont un millier en Ile-de-France) et 26 en Outre-mer. Malgré la crise sanitaire, il estime "qu'à la fin de 2022, on comptera entre 3.000 à 3.500 tiers-lieux".
Conscient de l'intérêt de ces espaces partagés où s'entremêlent travail, formation, culture ou encore activités sociales, l'Etat a annoncé en août 2021 débloquer une enveloppe de 130 millions d'euros, dont la moitié provient du plan France Relance.
Les tiers-lieux ont vocation à prendre "de l'ampleur dans une société confrontée aux plus grandes transformations liées au numérique, à l'écologie et aux nouveaux modes de travail des Français", insiste Patrick Levy-Waitz. Déjà avant la crise sanitaire, "j'étais en train de tirer la sonnette d'alarme. Les confinements successifs ont juste aggravé la situation. Je suis aujourd'hui obligé de joindre à mon espace (friche culturelle, NDLR) une activité d'événementiel", explique Antoine Plumeau, 39 ans, graphiste 3D et propriétaire du "Garage de Paris".
Du mal à rembourser leur crédit bancaire
Une étude menée entre l'automne 2019 et septembre 2021 par l'Institut Paris Région, le laboratoire de recherche Smart Lab LABILITY et la Région Ile-de-France, montre que 83% des tiers-lieux franciliens ont dû fermer de manière "partielle ou totale". Ils ont été quatre fois plus nombreux à avoir du mal à rembourser leur crédit bancaire, d'après la même étude. Depuis la levée des restrictions, ils ont pu retrouver leurs publics en organisant des soirées, des rencontres culturelles ou encore des festivals. Pour autant, "on a baissé nos ambitions vu les dettes que nous avons à rembourser", reconnaît Aurélien Denaes le coordinateur de l'association A+, c'est mieux!, une communauté de tiers-lieux franciliens.
Pour Patrick Levy-Waitz, le modèle économique de ces établissements repose en partie sur les subventions publiques. En plus de leurs activités et de leurs cotisations d'adhésions. Un modèle "fragile" et "insécure" qui entrave le développement et la pérennité de ces lieux...
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