ENQUÊTE - Des masques et des primes. Au Louvre, dans les monuments nationaux ou dans les musées de la ville de Paris, les négociations sur le plan de reprise battent leur plein. Et achoppent parfois sur des considérations très éloignées de la sécurité sanitaire.
C'est la «reprise d'activité de tous les dangers», affirme la CGT Culture, sur son site internet. On ne saurait mieux résumer l'état d'esprit qui règne au sein des personnels de musées et de monuments, au moment où démarrent les négociations autour du plan de dé confinement. Alors que tous les grands établissements culturels, Louvre, Versailles, Mobilier national, Compiègne, Chambord ou Fontainebleau, pour ne citer qu'eux, sont en train de planifier leur réouverture, ils ont en face d'eux une boule de résistance angoissée et des représentants du personnel négociant pied à pied le moindre détail. Les plus radicaux affichent tout simplement un positionnement politique, en assimilant reprise et «intérêts patronaux». La CGT Culture a d'ailleurs déposé un préavis de grève courant depuis le 14 mai, estimant que le danger était trop grand pour leur base, agents de sécurité ou magasiniers. Tous font par ailleurs planer la menace d'exercer leur «droit de retrait», bête noire de tous les établissements culturels en lien avec du public.
Résultat, aujourd'hui, aucun grand musée ni grand monument n'est en capacité de donner une date de reprise. Même lointaine. Même hypothétique. «Nous aimerions tous ouvrir dans les mêmes dates, afin de donner un signal positif et rassurant pour le public, explique la direction de l'un des monuments les plus visités de France. Mais pour l'instant, c'est très difficile: si l'accueil des visiteurs est en train d'être mis au point, nous devons encore régler les conditions de sécurité au travail.»
Afin de donner un cadre à des discussions forcément complexes, le ministère de la Culture a édité des recommandations sanitaires, assez larges et destinées à être déclinées établissement par établissement. Ce qui donne, en théorie, de la souplesse, notamment là où les partenaires sociaux sont constructifs. Mais cela fragilise les maisons les plus syndiquées ou celles qui possèdent une CGT en ligne avec les instances nationales. À l'heure où la centrale a obtenu du tribunal du Havre la suspension du redémarrage de l'usine de Renault à Sandouville, au motif que les conditions de sécurité sanitaires n'étaient pas optimales, il n'est pas question de céder dans les établissements culturels. «Nous sommes laissés à nous-mêmes», déplore un responsable de monument qui préfère rester anonyme en raison de ses négociations délicates. «Et si une partie des grands établissements ne rouvrent pas d'ici juillet, le ministre de la Culture portera une part de responsabilité», ajoute-t-il. En plein confinement, une ordonnance a été publiée, prévoyant...
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