Arrivé en 2018 dans l’indifférence Rue de Valois, ce professionnel de la politique a eu du mal à exister médiatiquement. Nommé ministre délégué au commerce extérieur, il a été remplacé lundi par Roselyne Bachelot.
Le destin de Franck Riester a-t-il été scellé le 6 mai ? Ce jour-là, Emmanuel Macron organise une visioconférence avec treize artistes. Alors que la crise sanitaire touche durement et durablement le secteur culturel, le ministre de la culture s’est mis à dos de nombreux artistes qui l’accusent, dans une tribune publiée dans Le Monde le 30 avril, d’un silence assourdissant.
Le 6 mai, c’est le président de la République qui répond aux inquiétudes. Manches retroussées, il lance un appel exalté à « enfourcher le tigre » et liste une série de mesures, dont la promesse d’une « année blanche » pour sauver le régime des intermittents du spectacle et le lancement de commandes publiques. A ses côtés, le ministre de la culture, cravaté et muet, est relégué à la prise de notes studieuse alors qu’il s’agit de ses propositions.
Arrivé dans l’indifférence Rue de Valois, après l’échec de l’éditrice Françoise Nyssen, ce professionnel de la politique, qui a fait toutes ses classes au sein de la droite et a été réélu le 15 mars, dès le premier tour, maire de Coulommiers (Seine-et-Marne), a du mal à exister médiatiquement. Nommé ministre délégué au commerce extérieur, il a été remplacé lundi 6 juillet par Roselyne Bachelot.
Pourtant, ce poste de ministre de la culture, il en a « toujours rêvé ». Sa nomination, Franck Riester la doit à Edouard Philippe. Mais depuis son arrivée, en octobre 2018, il n’est jamais parvenu à s’affranchir de la tutelle du couple Macron – qu’il ne connaissait pas avant d’intégrer le gouvernement – sur les sujets culturels. Maudite Rue de Valois. Depuis 1995, ce ministère a vu défiler douze locataires. La valse continue donc. Françoise Nyssen aura tenu dix-sept mois, Franck Riester, vingt mois…
Bon soldat de la Macronie
L’année 2020 a très mal commencé pour lui. Craignant d’être pris à partie sur la réforme des retraites, alors que des grèves historiques secouent l’Opéra de Paris et la Comédie-Française, il fait le choix d’annuler la traditionnelle cérémonie de vœux aux professionnels de la culture. Suivra la crise du Covid-19. Victime du « cluster » de la commission des affaires culturelles, il est l’un des premiers responsables politiques à tomber malade. Et le premier ministre de la culture à devoir gérer une mise à l’arrêt inédite de tout le secteur culturel.
Les deux genoux à terre, la culture se sent oubliée dans les allocutions d’Emmanuel Macron ou les discours d’Edouard Philippe qui ponctuent la période de confinement. Quant au leitmotiv de Franck Riester – « j’ai toujours la détermination de remettre les artistes au cœur des politiques culturelles » –, il n’aide pas à comprendre la nature de ses ambitions pour la culture.
Ce chef de file de la « droite constructive », devenu un bon soldat de la Macronie, doit composer avec des décisions élyséennes auxquelles il n’est pas associé – comme la nomination du général Jean-Louis Georgelin au poste de représentant spécial chargé de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris – et s’entendre avec le très médiatique Stéphane Bern, le « monsieur patrimoine » proche du couple Macron.
M. Riester doit aussi poursuivre des chantiers lancés avant son arrivée et voulus par le président, comme le projet non abouti du Pass culture pour tous les jeunes de 18 ans ou celui de transformer le château de Villers-Cotterêts (Aisne) en haut lieu de la francophonie pour un budget conséquent de 200 millions d’euros. Il parvient néanmoins à créer le Centre national de la musique. Cette idée de longue date figurait dans le rapport « Création musicale et diversité à l’ère numérique » de septembre 2011 issue de la mission qu’il dirigeait en tant que parlementaire.
Ces derniers jours, Franck Riester a tout fait pour défendre son action face à la crise du Covid-19, catastrophique pour le secteur culturel. Mercredi 1er juillet, le ministère a publié, in extremis, un long communiqué pour détailler la « mobilisation exceptionnelle de 5 milliards d’euros en faveur de la culture et des médias », dont 950 millions d’euros au titre de « l’année blanche » pour « préserver les droits des artistes et techniciens du spectacle et de l’audiovisuel jusqu’au 31 août 2021 ».
« Il s’est progressivement effacé »
Le mandat de Franck Riester aura principalement été marqué par...
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