L'événement « Tous à l'Opéra ! » se tient ce week-end dans toute la France, malgré l'épidémie. Grâce à leur modèle subventionné à environ 80 %, ces maisons lyriques ont bien traversé la crise. Mais elles devront s'adapter sur la durée.
Initialement prévu les 9 et 10 mai, l'événement « Tous à l'Opéra ! » a été reporté au 24 et 25 octobre, Covid-19 oblige, s'inscrivant de ce fait dans le « World Opera Day » : partout, les maisons lyriques vont tenter de rassurer et reconquérir le public par des visites de coulisses, des ateliers, des expositions, des concerts, des expériences numériques et même un Opérabus. Cette 14e édition a pour marraine Karine Deshayes, sacrée « artiste lyrique de l'année » aux dernières Victoires de la musique.
Les annonces du Premier ministre, élargissant le couvre-feu à de nouveaux territoires, ces opéras s'y sont préparés. « On avait anticipé en réduisant la voilure cette saison, en recalibrant les productions avec moins de choristes et de musiciens. On s'adaptera, même si programmer un opéra à 17 heures n'est pas simple », reconnaît Matthieu Dussouillez, à la tête de l'Opéra national de Lorraine.
Son budget de 15 millions est heureusement subventionné à plus de 80 % par la ville (8,8 millions), l'Etat et la région, car les recettes de billetterie, mécénat, privatisation, bar se sont effondrées. Et s'il a économisé sur les frais de production, il a enregistré un surcoût de 120.000 euros de mesures liées au virus : matériel sanitaire, frais de nettoyage, déploiement télétravail, remaniements artistiques…
S'ouvrir
Même constat à l'Opéra de Limoges, dont le budget de 7 millions est abondé à hauteur de 5,3 millions par la ville. « On a tenu grâce aux subventions, au chômage partiel pour nos artistes invités, aux dons de leurs billets faits par le public, à notre réserve de fonctionnement et aux économies réalisées. Sinon, on aurait accusé un déficit de 300.000 euros. Pour 2021, on espère tenir, entre la distanciation et la désaffection du public », note Alain Mercier, son directeur, inquiet pour l'effet domino sur la saison 2021-2022.
Pour Guy Saez, directeur de recherche au CNRS de Grenoble, fin observateur des politiques culturelles, « la crise a montré la pertinence du modèle français subventionné à 80 % par rapport au modèle anglo-saxon. Les opéras en régions sont ainsi beaucoup mieux lotis que l'Opéra de Paris où les recettes propres couvrent plus de la moitié du budget. Cette tradition va perdurer ». Mais, prévient-il, « il faudra que ces maisons opèrent des réformes car elles sont redevables devant l'opinion publique, étant les institutions culturelles les plus aidées par les villes ».
Cela passe, selon lui, par des gains de productivité, une plus grande digitalisation, davantage de solidarité envers les autres établissements culturels. « Finis les opéras 'divas', ils devront démontrer qu'ils sont...
Lire la suite sur lesechos.fr