Une équipe de chercheurs spécialisée s'est livrée à l'analyse du manque à gagner résultant de l'annulation des 2.640 festivals musicaux d'avril à août qui habituellement enregistrent 18,1 millions d'entrées. Si l'on élargit l'étude aux 4.000 événements culturels de la période (incluant théâtre, danse, etc.) qui totalisent 26,4 millions d'entrées, on arrive à une fourchette de 2,3 milliards à 5,8 milliards.
Cette étude vient à point nommé, juste avant l'annonce du plan culture d'Emmanuel Macron qui doit être dévoilé mercredi. Deux chercheurs ont chiffré les dépenses perdues pour l'économie française du fait de l'annulation de 2.640 festivals musicaux se déroulant d'avril à août inclus. Le résultat est édifiant. En cumulant les dépenses directes, indirectes et induites, Emmanuel Négrier, chercheur au Cepel-CNRS de l'université de Montpellier, et son confrère Aurélien Djakouane du Sophiapol, à l'université de Nanterre, parviennent à une fourchette entre 1,75 et 3,8 milliards d'euros qui n'ont ainsi pas été injectés dans l'économie.
« L'ordre de grandeur nous a vraiment impressionnés. En tant que chercheurs, nous ne sommes pas là pour pointer l'accident industriel, mais au contraire pour être attentif à réaliser une peinture réaliste, en tenant compte de l'extrême diversité des festivals », explique Emmanuel Négrier.
Echantillon de 129 festivals
Comment en sont-ils arrivés à ces chiffres faramineux ? Ce volet économique s'inscrit dans le cadre de l'étude SoFEST ! lancée par France Festivals, fruit d'une coopération entre l'équipe de recherche, les festivals, le ministère de la Culture, la Sacem, le Crédit Coopératif, l'Agence culturelle Grand Est et Occitanie en scène.
L'analyse part d'un échantillon de 129 festivals de tous types de musiques (actuelles, du monde, jazz, classique…), sur lesquels les chercheurs disposaient de données précises, extrapolées à 2.640 festivals : on recense en effet quelque 6.000 événements culturels réguliers en France, et la période avril-août en concentre 4.000 - dont les deux tiers, soit 2.640, sont des festivals de musique.
Les gros festivals faussent la moyenne
Les chercheurs ont calculé les trois indicateurs les plus significatifs. Le premier est la « retombée économique négative directe », c'est-à-dire l'impact lié à l'absence des dépenses artistiques, commerciales, techniques, que le festival effectue habituellement pour son activité (dont les subventions ont été soustraites, car celles-ci ont été majoritairement maintenues par les collectivités et l'Etat). Partant d'une dépense moyenne observée de 740.718 euros par festival et d'une médiane à 202.900 euros, on parvient pour l'ensemble des 2.640 événements à une fourchette haute de...
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