Fragilisées par les annulations ou les reports de spectacles en raison de l’épidémie due au coronavirus, les troupes se mobilisent pour que les cachets soient payés, au plus tôt si possible.
Elles se comptent par centaines : ce sont les compagnies qui avaient des tournées en cours ou prévues quand tout s’est arrêté, le 15 mars. Elles devaient présenter leurs spectacles dans des centres dramatiques nationaux, des scènes nationales, des théâtres de ville ou des festivals. Certaines avaient quelques dates d’ici à fin juin, d’autres plusieurs dizaines. Toutes se sont retrouvées dans la même situation : leurs contrats étaient signés, comment allaient-ils être honorés ?
Dès l’annonce du confinement, des discussions se sont engagées entre ces compagnies et les directions des différentes structures qui devaient les accueillir pour convenir des spectacles pouvant être reportés et de ceux qui, ne pouvant pas l’être, seraient annulés. Alors a commencé un ballet serré de calculettes, doublé de discussions vives sur la conduite à tenir.
Prenons un exemple : Mohamed El Khatib, dont la compagnie Zirlib tourne beaucoup, avait 50 dates prévues d’ici à fin juin, pour quatre spectacles : La Dispute, C’est la vie, Finir en beauté et Conversation avec Alain Cavalier. Un tiers des dates a pu être reporté, ce qui est très bien, parce que les spectacles seront vus. Mais les contrats ne seront honorés qu’au moment du report, et cela, comme l’explique Mohamed El Khatib, « pose un énorme problème pour les intermittents qui devront attendre pour être payés. De mon côté, je me suis engagé à verser dès maintenant à mon équipe l’argent des heures prévues. Je peux me le permettre parce que ma compagnie est solide. Pour d’autres compagnies, c’est beaucoup plus compliqué, ou impossible ».
« Coût de cession » ou « coût de plateau » en cas d’annulation ?
Pour les spectacles annulés, la situation a sensiblement évolué, en un mois. En règle générale, deux options se présentent : soit les lieux paient le « coût de cession », c’est-à-dire le contrat initial qui comprend le prix de vente du spectacle, les salaires des intermittents et des intervenants, et une somme versée à la compagnie, la « marge d’exploitation » ; soit ils paient le « coût plateau », c’est-à-dire le salaire des intermittents, artistes ou techniciens participant au spectacle. Pour Mohamed El Khatib, « cette option évite la...
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