Les 260 salles de France dont 160 en région, de toutes tailles, réalisaient 220 millions d'euros de chiffre d'affaires avant la pandémie et recevaient 3 millions de spectateurs par an. Mais l'activité est tombée à 40 millions en 2020, avec 55 millions prévus cette année.
Certains viennent à peine de rouvrir, comme le Crazy Horse. D'autres tournent seulement quelques jours par semaine, comme le Lido ou le Moulin Rouge, qui n'a pas encore remis ses cuisiniers aux fourneaux de son restaurant. «Habituellement, 85 % de nos clients sont parisiens et provinciaux, 15 % nord et sud-américains, européens, asiatiques. Mais pour l'instant, nous avons abandonné la prospection internationale. Il y a néanmoins de bonnes perspectives pour les fêtes de fin d'année, mais les réservations sont tardives», explique Jean-Victor Clérico, directeur général du Moulin Rouge. La jauge de 850 places est volontairement limitée à 600 pour rassurer les clients jusqu'au 15 novembre.
Le cabaret - qui emploie 450 personnes entre l'accueil, le plateau artistique et technique, les ateliers de métiers d'art, l'administratif - n'a licencié personne grâce aux aides et au PGE de 15 millions d'euros. «Mais nos coûts fixes représentent 40-45 % de nos dépenses, car tous les postes sont en CDI. Or notre chiffre d'affaires, de 60 millions en 2019, a chuté de 85 % en 2020 et ce sera de 90 % cette année», poursuit le représentant de la quatrième génération de cette entreprise familiale.
Les quatre établissements parisiens en souffrance
Son spectacle «Féérie» a certes été créé en 2000, mais «6 millions d'euros doivent être réinjectés chaque année, notamment pour refaire des décors et des centaines de costumes, car tout s'abîme très vite, effectuer des réaménagements scénographiques, améliorer les équipements avec par exemple des projecteurs à LED, revoir certains tableaux…» précise Jean-Victor Clérico.
Il n'est pas le seul à souffrir. Outre les quatre grands établissements parisiens (Moulin Rouge, Lido, Crazy Horse , Paradis Latin), on compte 260 cabarets en France, dont 160 en région, de toutes tailles, les plus minuscules ne comportant qu'une vingtaine de places. «Ils réalisaient 220 millions d'euros de chiffre d'affaires avant la pandémie avec 3 millions de spectateurs par an, mais l'activité est tombée à 40 millions en 2020 et 55 millions prévus cette année», explique Philippe Lhomme, patron du Crazy Horse (250 places) et président du Camulc, le syndicat des cabarets.
Attractivité parisienne
A eux seuls, les quatre établissements parisiens, qui représentent 1,1 million de spectateurs avant le Covid, ont enregistré 30 millions de pertes l'an dernier. Tous s'attendent à deux années encore difficiles, avec la crainte de ne pas tenir et de devoir fermer en 2022 ou 2023.
Pourtant, «les cabarets font partie de l'offre événementielle de Paris, de son attractivité, d'autant qu'ils se réinventent constamment», pointe Frédéric Hocquard, élu à la Ville de Paris, en charge de la vie nocturne et de l'économie culturelle, qui promet une campagne de communication à l'international.
De la revue au stand-up
Des grandes scènes, comme L'Ange Bleu à Bordeaux (1.200 places), le Lido (1.150 places) , le Royal Palace près de Strasbourg (1.000 places), le Paradis Latin (700 places) avec leur tradition de revues, jusqu'aux petites salles plus proches du stand-up, il y en a pour tous les goûts. «Le cabaret artistique est né en France : il mêle le cirque, l'effeuillage, le transformisme, la chanson, la danse, la comédie, l'improvisation…» rappelle Jérôme Marin, artiste et auteur qui intervient chez Madame Arthur.
Pour Christopher Miles, directeur général de la création artistique au ministère de la Culture, les cabarets français ont ...
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