Les concerts et les festivals reprennent mais le public sera-t-il au rendez-vous, comme avant la crise sanitaire ? C’est la grande question dans les musiques actuelles, avec des situations très disparates.
« Pour les grands noms, comme Elton John, il n’y a pas de problème, mais quid des autres spectacles ? », s’interroge Jean-Philippe Thiellay, à la tête du Centre national de la musique (CNM). Christophe Davy, tourneur et producteur de spectacles, boss de Radical Production, distingue trois niveaux.
« Les concerts-clubs de nouveaux artistes, avec des capacités entre 200/300 personnes, c’est plutôt bien et pour les grosses têtes d’affiche, on a l’impression que ça se passe bien », commence-t-il. « Mais pour les salles de moyenne capacité entre 800 et 2 500 places, par rapport à mes objectifs, c’est du moins 30 %, voire moins 40 % comparé à avant la pandémie. Au moins jusqu’à la fin de l’été, voire la fin d’année, pour les dates entre deux jauges, grosses têtes d’affiche et niche, le retour dans les salles ne se fait pas automatiquement », synthétise cette figure de la filière que tout le monde appelle « Doudou ».
Qu’en est-il des festivals ? Là aussi, les constats varient. « Ça a été la très bonne surprise, en vingt minutes, l’ensemble des paniers (lots de billets) étaient vendus, on est quasi-complet », livre Jérôme Tréhorel, patron des Vieilles Charrues, 30 ans cet été (14-17 juillet, 270 000 spectateurs en 2019). Pour le festival Art Rock (3-5 juin), « les ventes de billets sont plutôt bonnes mais inférieures à la même période en 2019, c’est un petit point d’interrogation pour nous et d’autres festivals », indique Carol Meyer, directrice de l’événement.
La responsable reste cependant optimiste car « des festivals de printemps comme Panoramas ou Mythos ont rempli à la dernière minute ». Mais cet achat tardif de billets, tendance lourde des derniers mois, rend la « prise de risque financière plus grande », glisse-t-elle. « Pour être à l’équilibre, beaucoup de festivals sont condamnés à faire complet ou presque », dévoile-t-elle.
« Pour certains festivals, la billetterie reste poussive, car il y a beaucoup d’offres en ce moment, une perte d’habitude d’aller en festival après deux ans de crise sanitaire et un contexte économique difficile », note encore Jérôme Tréhorel.
« Quand tu ne ressors pas après deux ans de crise sanitaire, c’est que tu as pris d’autres habitudes », renchérit Christophe Davy. Fêtes entre amis et consommation culturelle par plateformes sont régulièrement citées dans l’industrie musicale. « Est-ce qu’une partie du public n’habite plus dans les grands centres urbains où ont lieu les concerts ? », s’interroge encore « Doudou » Davy.
“Il faut retrouver une dynamique”
« Le public jeune n’a pas fait la fête pendant la crise sanitaire, n’a plus le réflexe concert/festival et l’addiction aux écrans s’est aggravée », avance Jean-Philippe Thiellay. « L’effort de sortir de chez soi n’est souvent plus là », complète le dirigeant du CNM.
Mais le bouleversement des habitudes en raison de la crise sanitaire n’est pas seul en cause...
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