La première organisation d’employeurs des scènes publiques exhorte à changer de modèle économique au nom de la nécessaire transition écologique.
C’est un livret de quatre-vingt-dix pages qui exhorte le secteur public du spectacle vivant à faire sa révolution. A en finir avec le « toujours plus » – toujours plus de spectacles, de tournées, de concurrence – pour se fixer comme « antienne » de « ralentir ». Titré La Mutation écologique du spectacle vivant, ce petit ouvrage analytique et prospectif, présenté lundi 17 avril par le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), appelle à un « changement de modèle économique » pour arrêter le « gâchis » social, artistique et écologique.
« La faiblesse du nombre de dates de diffusion par production devient terrifiante. A peine vus, les spectacles sont déjà jetés. Nous devons arrêter d’être des lieux productivistes et concurrentiels, explique Nicolas Dubourg, président du Syndeac, première organisation d’employeurs des scènes publiques. Il faut mieux produire, mieux créer, mieux diffuser et renforcer la présence des artistes sur les territoires. »
Le syndicat préconise notamment de mettre fin aux clauses d’exclusivité, de développer la collaboration et la coopération entre structures d’une même région (centres dramatiques nationaux, scènes nationales ou conventionnées) pour rendre les tournées cohérentes, d’inscrire dans les brochures de saison et sur les sites Internet des lieux toutes les dates de tournée des spectacles programmés. « Cette logique de promotion réciproque aiderait les spectateurs à se (re)diriger vers l’offre la plus facilement accessible et à favoriser le bouche-à-oreille autour d’une création. »
Rendre les tournées cohérentes
Tiago Rodrigues, le nouveau directeur du Festival d’Avignon, a donné l’exemple, selon Nicolas Dubourg. « On ne regarde plus les autres festivals comme des rivaux, on a suffisamment d’inédits pour en finir avec l’obsession de l’exclusivité. Elle ne peut pas se substituer à des principes plus forts comme l’écoresponsabilité », a défendu le metteur en scène portugais en présentant, le 5 avril, le programme de sa première édition.
Ainsi, avant leur venue à Avignon, des spectacles passeront en juin par Montpellier : Julien Gosselin mettra en scène Extinction au Printemps des comédiens, et la chorégraphe Mathilde Monnier présentera Black Lights au festival Montpellier Danse. « Cela permet de mieux accompagner les artistes et leurs créations au bénéfice du public tout en veillant à la cohérence des tournées, de manière à faire baisser les émissions carbone qu’elles génèrent », résume Tiago Rodrigues.
Fruit de « douze semaines de discussion », les engagements contenus dans ce livret ont été « votés à l’unanimité, sans 49.3 », ironise...
Lire la suite sur lemonde.fr