Le président de la République a pris mercredi des mesures concrètes pour les intermittents et souhaite notamment que les artistes s’investissent davantage auprès des jeunes.
S’il voulait surprendre les artistes, voire prendre certains d’entre eux à rebrousse-poil, le président de la République y est parvenu, mercredi 6 mai, en dévoilant son plan pour la culture à l’issue d’une rencontre par visioconférence avec une douzaine de personnalités – l’actrice Norah Krief, le metteur en scène Stanislas Nordey, la chanteuse Catherine Ringer, le scénariste et réalisateur Eric Toledano… Si certaines mesures ont été jugées plutôt bienvenues, à défaut d’être précises (le fonds d’indemnisation pour les tournages annulés notamment) et de couvrir tous les secteurs, d’autres ont largement déconcerté. Le chef de l’Etat a souhaité agir vite, alors que la colère montait dans le monde de l’art : entre autres, une tribune signée par de nombreux artistes, publiée dans Le Monde du 30 avril, reprochait à l’Elysée son « oubli » de l’art et de la culture pendant la crise sanitaire.
Emmanuel Macron a pu apparaître maladroit lorsqu’il a proposé par exemple une sorte de « pacte » avec les intermittents, annonçant d’un côté le prolongement de leur assurance-chômage « jusqu’au 31 août 2021 », de l’autre son intention de les faire intervenir dans les écoles à l’heure où celles-ci doivent réinventer l’accueil des élèves.
Ce n’est certes pas du donnant-donnant, mais Emmanuel Macron a prononcé cette phrase qui valait presque avertissement : « Je fais confiance à tous les intermittents. Et il se trouve que moi j’ai besoin de gens qui savent faire des choses, inventer pour nos jeunes. » Etonnante aussi cette image du « tigre » que l’on doit enfourcher, a dit le chef de l’Etat, le fauve étant censé représenter la menace du virus. Emmanuel Macron voulait exhorter la profession à innover, à foncer, afin que les lieux de création se remettent à vivre. « Là on entre dans une période où l’on doit en quelque sorte enfourcher le tigre, et donc le domestiquer », a-t-il déclaré, tandis que le ministre de la culture, Franck Riester, haussait les sourcils d’étonnement…
Une annonce forte mais encore vague sur les intermittents Annonce majeure de son intervention, l’engagement d’Emmanuel Macron de prolonger jusqu’au 31 août 2021 le droit à l’assurance-chômage des intermittents du spectacle a été accueilli favorablement par celles et ceux qui s’étaient mobilisés pour réclamer une « année blanche » afin de faire face à l’« année noire » endurée par la culture, à l’arrêt depuis la mi-mars. « C’est une annonce forte qui va dans le bon sens », reconnaît Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-spectacle, mais, ajoute-t-il, « nous serons très vigilants sur son application ».
A l’heure actuelle, sur les 260 000 personnes relevant des annexes 8 (techniciens du spectacle) et 10 (artistes) de l’Unédic, environ 130 000 d’entre elles ont des droits ouverts à l’assurance-chômage, pendant douze mois, du fait des 507 heures de travail réalisées sur douze mois. A titre d’exemple, les artistes de la catégorie « musique et chant » touchent, en moyenne, 45 euros par jour d’indemnités. « Comme ils sont dans l’impossibilité de cumuler cachets et assurance-chômage, la perte de pouvoir d’achat atteint, en moyenne, 500 à 600 euros par mois », détaille Philippe Gautier, secrétaire général du SNAM-CGT.
« Il y a une avancée, c’est clair », acte le comédien Samuel Churin, membre de la Coordination des intermittents et précaires, « mais il aurait fallu...
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