Passe sanitaire, port du masque, changements d’habitudes, offre pléthorique… La fréquentation est en berne. Mais les professionnels du secteur veulent y croire : dans les structures privées comme subventionnées, ils multiplient les initiatives pour attirer les spectateurs, sans rogner sur la qualité.
Ils ne s’attendaient pas à refuser du monde mais, tout de même, la soupe est amère : les directeurs de salle de spectacle vivant font grise mine. Où que se pose leur œil – théâtre ou opéra, Paris, banlieue, province... –, le regard se heurte à des places vacantes. Sièges vides, gradins clairsemés, abonnements en baisse : les spectateurs ont pris la clef des champs. Il va falloir les convaincre de revenir. Oui, mais comment ?
Résoudre ce problème suppose d’en connaître les causes. Les coupables ne manquent pas à l’appel : une météo clémente qui a précipité les gens aux terrasses des cafés, la contrainte d’un passe sanitaire qui ne fait pas l’unanimité, celle du port du masque pendant les représentations, l’offre pléthorique de propositions en ce début de saison. Enfin, des habitudes prises pendant le confinement dont personne ne peut dire si elles seront éphémères ou durables.
Dernière minute
En attendant d’y voir plus clair, explique Bertrand Thamin, président du Syndicat national du théâtre privé, « nous faisons le dos rond en espérant que la fréquentation augmente ». Ce que cette dernière fait, mine de rien, laissant entrevoir quelques lueurs d’espoir et livrant, au passage, de précieuses informations sur les changements de pratiques. Parmi celles-ci, les réservations de dernière minute qui mettent à mal les stratégies prévisionnelles. « Cet usage va-t-il se pérenniser ? » s’interroge Chantal Regairaz, secrétaire générale du Théâtre national de Strasbourg, où le remplissage de la salle, qui d’ordinaire frôle les 90 %, oscille entre 50 et 70 %. Pas d’autre choix que de s’adapter. Le TNS vend une carte de 10 euros qui permet aux plus de 28 ans de payer 13 euros chaque billet de spectacle acheté. « Sans elle, le tarif normal est de 30 euros. Elle est le ticket d’entrée pour une réduction immédiate. » La carte, le passe, le carnet : autant de formules inventives préférées à un abonnement classique qui engage un avenir frappé d’incertitudes. La fidélisation requiert de la souplesse. Au CDN de Montreuil, un carnet de 8 places vendus 80 euros laisse une marge de manœuvre à son acquéreur : « Il est libre, il n’a pas à choisir à l’avance ce qu’il a l’intention d’aller voir », précise Marine Segui, directrice du développement des publics. Dans ce théâtre subventionné de l’Est parisien, le spectateur imprévisible ne s’annonce plus nécessairement par téléphone ou Internet : « Il arrive que l’achat au guichet passe d’une vingtaine de places par soir à ...
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