Mis en œuvre en mai 2021, le passe culture est controversé. Il peine à toucher les jeunes défavorisés et, selon les premiers bilans, son usage serait davantage consumériste qu’éducatif.
Le passe culture ne favorise pas la démocratie culturelle. Il est au service des intérêts privés, au détriment de l’éducation populaire
Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacle
Promesse de campagne du futur président Macron, le passe culture a tardé à être mis en œuvre. Depuis le 20 mai 2021 pour les jeunes de plus de 18 ans, son montant est de 300 euros. Depuis le 31 janvier 2022, juste avant les élections, il est étendu aux collégiens de15, 16, 17 ans avec une somme individuelle attribuée de 20 à 30 euros et une part collective du même montant pour soutenir des projets culturels dans les collèges.
Le passe culture, selon le gouvernement, doit permettre de participer à des activités ou sorties culturelles (cinéma, musée, stage, atelier…) ou d’acheter des matériels et biens numériques (livres, téléchargement de musique, films…).
De fait, il remplit parfaitement son objectif de soutenir la consommation de biens culturels au service des industries les plus rentables. Les représentants des gros intérêts privés s’en félicitent, ceux du service public le contestent.
Le passe encourage la reproduction sociale : aller au théâtre ou acheter des livres est aussi une question d’habitude, donc d’éducation populaire. Macron et son gouvernement tournent ainsi le dos à la démocratie culturelle. Or, l’enjeu est de rompre avec une vision élitiste de la culture.
Il n’y a de démocratie culturelle que par le développement et le partage des cultures de tous. Un des moyens d’y arriver est de développer la médiation, mission des réseaux publics, permettant des rencontres avec les publics les plus divers, dans les quartiers défavorisés, dans les zones rurales et périurbaines, par exemple. Mais, les sommes consacrées à ce passe sont forcément prises au détriment de la médiation !
« L’enjeu est de rompre avec le consumérisme et une vision élitiste de la culture. »
Le bilan culturel d’Emmanuel Macron sera celui de la fragilisation et du sous-financement du service public des arts et de la culture, et de celui de l’audiovisuel. Toute sa politique lors de ces deux dernières années de pandémie...
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