La ministre Rima Abdul Malak entend protéger aux niveaux national et européen les « actifs culturels stratégiques », dont les réseaux de salles de cinéma, mais aussi les sociétés de production et les catalogues d'oeuvres. Les exploitants de salles sont réservés.
Faut-il éviter que des investisseurs non européens ne mettent la main sur nos salles obscures ? Lors des rencontres de l'ARP, la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs, au Touquet, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a exprimé jeudi sa volonté de protéger les salles de cinéma hexagonales.
« Aujourd'hui, il y a ce risque de voir des sociétés de productions, leurs catalogues d'oeuvres ou encore des réseaux de salles de cinéma […] rachetés par des entreprises, d'ailleurs souvent éloignées de tout objectif culturel, comme des fonds d'investissement extra-européens », a-t-elle déclaré.
Evolution du droit européen
Au niveau européen, la ministre aimerait que les « actifs culturels stratégiques », comprenant « les oeuvres, les catalogues, les sociétés de production, les entreprises de jeux vidéo, les studios de tournage et les salles de cinéma », fassent exception à la liberté de circulation des capitaux. « Ce travail a été entamé avec le commissaire Thierry Breton et j'espère qu'on pourra envisager une évolution de la législation européenne », a-t-elle annoncé.
Une action est aussi engagée au niveau national, sur le modèle de la loi du 25 octobre 2021 qui protège les catalogues, en imposant aux acheteurs une déclaration préalable au ministère de la Culture six mois avant la cession. En cas de doute sur le fait que les oeuvres bénéficieront d'une « exploitation suivie », une commission peut être saisie et imposer des obligations afin qu'elles restent disponibles au public.
Le cas ne s'est pas encore présenté, indique le CNC, à qui Rima Abdul Malak a demandé de plancher sur la manière d'adapter ces mesures aux salles de cinéma. La mission confiée à l'ex-vice-président du Conseil d'Etat, Bruno Lasserre, y travaille également.
Réseaux de salles fragilisés
Alors que les salles de cinéma sont fragilisées par la chute des entrées, l'enjeu est de taille. Certains réseaux sont en vente, comme celui de CGR, deuxième de France avec 74 cinémas. D'autres pourraient l'être un jour dans le cadre de succession, comme celui d'UGC. Pathé, enfin, a annoncé sa volonté d'entrer en Bourse en 2024.
« La crainte, c'est le démantèlement du maillage de nos salles, qui fait notre dynamisme culturel », indique la future déléguée générale de l'ARP, Lucie Girre. « Si Amazon ou un autre achète demain une salle, quelle est notre garantie qu'il ne la transformera pas en autre chose ? » La déléguée se réjouit de la prise de position de la ministre mais voudrait que le gouvernement aille plus loin, notamment dans...
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