Fermé pour cause d’épidémie de Covid-19, c’est avec le licenciement d’une partie de ses équipes que Le metropolitan museum of art « fête » ce mois-ci son 150e anniversaire.
Quatre jours après l’inauguration, le 12 mars, de sa gigantesque exposition « Gerhard Richter : Painting After All », le Metropolitan Museum of Art fut le premier musée américain à annoncer sa fermeture à la suite de la pandémie due au coronavirus. Avec un budget de fonctionnement de 320 millions de dollars (environ 296 millions d’euros), le musée, qui ne bénéficie d’aucune aide publique, est mieux loti que d’autres lieux culturels. Pourtant, il ne s’est engagé à rémunérer ses 2 200 employés que jusqu’au 2 mai et vient de licencier 80 d’entre eux. Après ? Rétif à piocher dans ses confortables réserves (3,6 milliards de dollars), il pourrait licencier une partie de ses équipes. Car le colosse évalue ses pertes d’exploitation à 100 millions de dollars et anticipe une chute de 20 % à 30 % de sa fréquentation.
Une immense collection
Le Met, qui fut fondé le 13 avril 1870, ouvre officiellement ses portes, sur la Ve Avenue, à New York, deux ans plus tard. Ce musée est le plus important du pays, avec pas moins de 2 millions d’œuvres d’art, couvrant toutes les civilisations jusqu’au XXIe siècle – le Louvre, en regard, en compte 550 000. L’idée d’un musée encyclopédique germe à Paris, en 1866, dans la tête d’un avocat américain, John Jay, qui rallie à sa cause un groupe de concitoyens philanthropes. Leur ambition ? Apporter l’art et l’éducation à leur peuple, rien de moins. L’Amérique, qui sort de quatre ans de guerre civile, dispose alors de ressources naturelles et d’une industrie florissante. La culture, en revanche, y est en sourdine.
Des mécènes parfois gênants
Très vite, le Met sait s’attirer la générosité des donateurs. À sa mort, en 1969, le banquier Robert Lehman, héritier de Lehman Brothers, lègue au musée près de 3 000 œuvres d’art ancien et impressionniste. En 2013, c’est au tour du richissime héritier d’Estée Lauder, Leonard, d’offrir sa collection d’art cubiste, évaluée à plus de 1 milliard de dollars. D’autres largesses ont fait jaser, comme celles consenties depuis cinquante ans par les Sackler, empêtrés dans la crise des opioïdes. En mars 2018, des militants menés par la photographe Nan Goldin se sont allongés, en simulant leur mort, dans l’aile financée par cette famille.
En mai 2019, le musée cède aux...
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