Deux nouvelles galeries spécialisées s’ouvrent à Paris et les ventes séduisent les collectionneurs.
Dans le petit milieu de la bande dessinée, c’est un événement. Malgré la crise sanitaire et une offre déjà bien fournie, deux nouvelles galeries consacrées aux originaux de BD et d’illustration viennent d’ouvrir leurs portes à Paris. Un signe de la vitalité du 9e art et de son installation progressive parmi les beaux-arts.
Le premier lieu, appelé Les Arts dessinés, a été inauguré le 11 janvier dans le Marais. Dirigée par l’éditeur Frédéric Bosser, en association avec les belges Alain Huberty et Marc Breyne, la galerie compte mettre en avant le dessin contemporain, à travers la bande dessinée, mais aussi les illustrations pour enfants, le dessin de presse ou le roman graphique. «L’idée est de rendre compte de la richesse du dessin aujourd’hui. Il y a énormément d’artistes de talent qui ne sont pas représentés par une galerie ou qui méritent d’être découverts. Je vais exposer les gens que j’aime», explique l’éditeur.
Le premier artiste sélectionné, le Néerlandais Pat Andrea, est l’une des grandes figures du dessin contemporain, membre du mouvement de la Nouvelle Subjectivité. Un univers poétique mais dérangeant, peuplé de figures féminines fantasmées, aux prises avec d’étranges métamorphoses, où Lewis Carroll flirterait avec Balthus ou Bacon. Une autre partie de la galerie est consacrée plus classiquement au Français Nicolas Debon, auteur du très remarqué album Marathon (Dargaud, 2021). «Les prochains artistes exposés seront Max Ducos, Dominique Corbasson, Gérard DuBois, François Boucq…», précise Frédéric Bosser.
«Auteurs en devenir»
Un nouveau lieu vient également d’ouvrir rue de Miromesnil, à deux pas du palais de l’Elysée. Annexe de la galerie Huberty & Breyne, ce local doit permettre d’accueillir des auteurs «pas encore représentés ou en devenir, souligne Alain Huberty, également propriétaire, avec son associé Marc Breyne, de trois lieux d’exposition à Bruxelles. L’idée est de travailler avec les éditeurs pour exposer les planches lors du lancement des albums, d’organiser des dédicaces…» Le premier artiste exposé sera Christophe Gaultier, dont l’album La Désolation (Dargaud, 2021) vient d’être sélectionné pour le festival d’Angoulême 2022, qui devrait avoir lieu du 17 au 20 mars.
A les entendre, cette nouvelle concurrence n’inquiète pas les officines déjà installées, au contraire. « Plus il y a de galeries, plus cela donne de la visibilité et de la crédibilité à la bande dessinée, estime Bernard Mahé, propriétaire de 9e Art, l’une des plus anciennes galeries parisiennes. Beaucoup d’auteurs ne sont pas représentés, il y a de la place pour tout le monde. » « Le marché connaît aujourd’hui une belle croissance, avec de nouveaux collectionneurs, âgés de 30 à 40 ans, qui achètent la nouvelle génération d’auteurs, comme Alex Alice, Ralph Meyer ou Matthieu Bonhomme », confirme Daniel Maghen, dont la galerie située près de la Bourse de commerce de François Pinault connaît ...
Lire la suite sur lemonde.fr