Si la réouverture des salles de cinéma et de spectacle mi-décembre serait une bonne nouvelle, suivre un calendrier de déconfinement différent pour la culture des commerces et lieux de culte ne répond à aucune logique sanitaire – et surtout pas à celle énoncée par le gouvernement.
Indiscrétions, fuites, ballons d’essai lâchés négligemment en off pour prendre la température de l’opinion, appelons ça comme on voudra : ces derniers jours, la presse ruisselle d’échos des séances d’intense phosphorage au sein du gouvernement en vue d’un prochain déconfinement de larges pans de l’économie française, à présent que la seconde vague de Covid semble émettre les signes d’un franchissement de pic.
Jusqu’à cet après-midi, ce ruissellement de cancans et d’hypothèses avait le mérite de la cohérence avec les expressions officielles au sommet de l’Etat, puisque jamais il n’y était question de culture – ce mot singulièrement banni en public du lexique macrono-castexien depuis des semaines. Tandis que petits commerces, bars et restaurants, lieux de culte ou enceintes sportives commencent à voir se dessiner le calendrier d’une reprise de l’activité – sous quinzaine pour certains, pas avant mi-janvier pour les autres –, rien ne semblait filtrer quant à la réouverture des établissements culturels. Au point que la perspective de se livrer à une orgie de shopping avant d’enquiller messes et confessions en présentiel semblait prendre forme pour la fin du mois, tandis que persisterait le sevrage du côté des musées, théâtres et cinémas.
Lueur fragile
L’horizon s’éclaircit peut-être enfin, puisqu’on a appris mercredi – à la faveur d’une table ronde de professionnels du cinéma réunis par le Film Français – que le scénario d’une réouverture des cinémas et salles de spectacles serait à l’étude pour la mi-décembre. Dans la foulée de quoi la productrice et distributrice Carole Scotta plaidait pour que celle-ci s’opère même dès le 2, afin que les films dont l’exploitation fut interrompue par le confinement fin octobre puissent reprendre contact avec le public avant d’être aussitôt pris d’assaut par la concurrence des sorties de fin d’année. Au sein des directions de plusieurs musées d’envergure nationale sollicitées par Libé, on reste plus mesuré, faute du moindre signe reçu laissant espérer quoi que ce soit d’ici janvier.
Qu’une lueur fragile au bout du tunnel commence doucement à poindre soulagera sans doute les industries culturelles éprouvées ces derniers mois comme jamais en temps de paix, alors même qu’une reprise sensible de la fréquentation s’accomplissait enfin depuis la rentrée. Mais il y a lieu de s’interroger sur la logique qui présiderait, si ce calendrier devait se confirmer, à un régime différencié entre commerces ou cultes d’une part, et les lieux de culture de l’autre, alors que l’on tend à s’y bousculer plutôt moins et qu’un protocole sanitaire au moins aussi strict s’y applique.
Fini la cohérence
Peut-être est-ce le fait des défaillances des dispositifs nationaux de traçage des contaminations, mais aucun cluster connu à ce jour n’a été associé en France à une représentation de spectacle, un concert assis ou une projection de cinéma. Et lorsque Bruno Le Maire puis Jean Castex avaient opposé une ferme fin de non-recevoir aux appels du secteur à ménager une forme de dérogation pour cinéphiles et théâtreux lors de la mise en place du couvre-feu, c’était au nom de...
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