Sébastien Benedetto prend la tête de l’association dans une période d’incertitudes.
Son nom de famille est indissociable de l’histoire du Festival « off » d’Avignon. Sébastien Benedetto, fils d’André Benedetto, créateur du « off » en 1967, a été élu, lundi 11 janvier, président d’Avignon Festival & Compagnies (AF&C). Cette association, qui coordonne ce vaste marché du spectacle vivant, avait été dirigée par son père entre 2006 et 2009.
En choisissant à une large majorité cet artiste avignonnais âgé de 41 ans, directeur de l’emblématique Théâtre des Carmes, pour remplacer Pierre Beffeyte, démissionnaire, le conseil d’administration d’AF&C fait le choix de la continuité dans une période de tensions et d’incertitudes sur la tenue du prochain festival.
Après l’annulation de l’édition en 2020 pour cause de Covid-19, il revient à Sébastien Benedetto la lourde tâche de relancer la « machine » du « off » dans un contexte sanitaire imprévisible. Les dates de l’édition 2021 ont été validées par l’association : ce festival tentaculaire, qui rassemble 1 600 spectacles et plus de 5 000 artistes dans 140 lieux, devrait se tenir du 7 au 31 juillet (le « in » se déroulant du 5 au 25 juillet).
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En choisissant cet artiste avignonnais de 41 ans, le conseil d’administration fait le choix de la continuité
« J’ai la conviction que ce sera un festival essentiel pour les théâtres, les compagnies, le public, les commerçants, les collectivités », veut croire le nouveau président. Le « off » assure en effet 50 millions de retombées économiques sur le territoire du Grand Avignon et offre une vitrine sans égale aux compagnies théâtrales – privées de visibilité depuis bientôt un an – pour diffuser leurs spectacles.
Sans illusion sur une disparition du virus d’ici à l’été, l’AF&C travaille sur un scénario de reprise avec des contraintes sanitaires fortes : jauges réduites, aération des salles entre chaque séance, gestion du flux du public – autant d’impératifs qui auront des répercussions financières. Les compagnies vont demander une baisse des tarifs de location si le nombre de spectateurs est limité, mais les théâtres auront du mal à baisser leur prix s’ils doivent diminuer le nombre de créneaux horaires.
Marché libéral
« La solution passe par un festival plus solidaire », explique Sébastien Benedetto. S’inscrivant dans les pas de Pierre Beffeyte, le nouveau président souhaite renforcer le fonds d’aide à la professionnalisation lancé par son prédécesseur. Pour y parvenir, l’AF&C envisage de développer la billetterie centralisée (qui ne représente que 100 000 billets sur les 1,7 million vendus). Environ 1,50 euro serait prélevé sur chaque ticket « off » afin d’alimenter le fonds.
Il s’agirait aussi de faire appel au soutien du ministère de la culture par le biais du plan de relance, de solliciter l’aide des collectivités territoriales et de partenaires privés. « Pour garantir l’emploi des compagnies, nous devons trouver 5 millions d’euros », estime Pierre Beffeyte.
A la tête de l’AF&C depuis 2016, cet entrepreneur de spectacle a démissionné pour « retrouver du temps » et se consacrer, notamment, au lancement d’une nouvelle plate-forme numérique, To see pro, visant à faciliter la diffusion de spectacles.
Néanmoins, Pierre Beffeyte est resté membre du conseil d’administration de l’association. « Les personnes qui gèrent les crises ne sont pas forcément les mieux placées pour reconstruire », estime-t-il après les attaques essuyées par l’AF&C sur sa manière de gérer le fonds d’urgence octroyé à l’été 2020 au « off » d’Avignon par la Rue de Valois pour atténuer les conséquences de son annulation.
Dénonçant l’absence de concertation de l’association et les critères d’attribution des aides, 48 théâtres privés se sont regroupés, au printemps 2020, au sein d’une nouvelle Fédération des théâtres indépendants d’Avignon (FTIA).
Ce fonds d’urgence réservé « aux théâtres pérennes non subventionnés ayant remboursé les compagnies des acomptes versés » et privilégiant « les théâtres qui proposent une activité à l’année et ceux qui partagent le risque avec les compagnies » a réactivé le conflit entre les lieux permanents et les « loueurs » de salles éphémères qui assument que ce festival soit devenu un marché libéral.
Le contentieux a été d’autant plus fort que seuls 460 000 euros ont été distribués à quarante-neuf lieux alors que le fonds était doté d’une enveloppe de...
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