Cet hommage aux victimes de la guerre a été intégré lors de la dernière représentation du Crépuscule des dieux, à la demande des chanteurs.
Bleu et jaune fut le linceul de Siegfried. Dimanche soir, pour la dernière représentation du Crépuscule des dieux, quatrième opéra de la Tétralogie de Richard Wagner, le Teatro Real de Madrid a ajusté sa mise en scène, en écho au conflit en cours. À la fin du troisième acte, au bout de quatre heures d'opéra, Siegfried, l'éternel héros symbole de liberté et de jeunesse, est victime du complot fomenté par Hagen. Suite à ce traître assassinat, le corps inerte de Siegfried, incarné ici par le ténor autrichien Andreas Schager, est emporté par un cortège funèbre composé de militaires, avant d'être déposé sur un bûcher. Mais à la différence des précédentes représentations, le défunt s'est trouvé enveloppé dimanche dans le drapeau de l'Ukraine.
Symbole de la décadence humaine
Le geste, lourd de sens, est un hommage aux victimes de la guerre voulue par Vladimir Poutine. L'initiative relève de la distribution elle-même, comme le rapporte le Teatro Real, cité par El Español . «Le moment le plus émouvant est lorsque Siegfried, l'espoir du monde, est trahi, assassiné dans le dos. Et c'est pourquoi nous voulions envoyer un message de solidarité avec nos frères et sœurs d'Ukraine à ce moment précis, où l'émotion est la plus forte», confie le ténor Andreas Schager à la presse autrichienne.
Cet opéra wagnérien, qui raconte la lutte acharnée des dieux et des hommes contre leur destin, a été transposé par le metteur en scène Robert Carsen dans un univers contemporain. Cette allégorie de la politique et du pouvoir sonne encore plus vraie aujourd'hui. «L'œuvre parle de l'humanité, de sa capacité de destruction et de sa capacité de rédemption, de la façon dont nous sommes capables de donner le meilleur de nous-mêmes, mais aussi, malheureusement le plus souvent, le pire», estimait Robert Carsen lors de la première de L'Or du Rhin , l'introduction du cycle de L'Anneau du Nibelung. «La destruction causée par la cupidité, l'ambition et la cruauté de l'homme est aujourd'hui plus présente que jamais». Pour faire passer son message, le metteur en scène n'a de cesse de «créer des personnages reconnaissables, pas des fantaisies de science-fiction». L'irruption de la dramatique actualité ukrainienne n'a fait que renforcer ce désir.
À Madrid, hommages et rassemblements se multiplient pour soutenir le peuple ukrainien. À l'image de l'acteur Javier Bardem, aperçu la semaine dernière lors d'une manifestation devant...
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