Les prestigieux Virsky et Ballet de l'Opéra national de Kiev sont à l'arrêt, leurs étoiles au front, tandis que d'autres compagnies trouvent refuge à l'étranger.
Une semaine après le début du conflit, le devenir des danseurs et compagnies ukrainienne est plus qu'incertain. Sans tarder, le monde des théâtres s'est montré très solidaire envers les artistes de Kiev. Anne Hidalgo, maire de Paris, et Xavier Couture, président du théâtre du Châtelet, ont fait savoir jeudi qu'ils accueilleront le Kiyv City Ballet en résidence, aussi longtemps qu'il le voudra. Le Théâtre des Champs-Élysées a quant à lui annoncé qu'il programmait le Ballet de l'Opéra National de Kiev avec Casse Noisette pour Noël 2022. En début de semaine, le Grand Ballet de Kiev, qui achevait une tournée de deux mois en France, était partout dans les médias.
Les danseurs de Virsky ou ceux de l'Opéra national de Kiev ont eux moins de chance que leurs collègues de ces formations auxquelles le Châtelet, temple des Ballets russes de Diaghilev, ou l'Opéra de Paris, havre d'étoiles inouïes, ouvrent leurs portes. Les deux compagnies nationales étaient à Kiev au moment de l'invasion russe et souffrent depuis. «Les théâtres sont fermés, les hommes entre 18 et 60 ans n'ont pas le droit de quitter le pays. Beaucoup se sont enrôlés et essaient de rester en vie», raconte Valery Colin, producteur du Virsky et producteur avec Janine Roze du ballet de l'Opéra National de Kiev, en 2019. Les jeunes danseurs Oleksiy Potyomkin et Lesya Vorotnyk paraissent en photo sur Twitter une carabine à la main, braves des braves au corps longiligne, jetés dans une mêlée inhumaine.
Que faire alors pour les aider ? Leur ouvrir un horizon. «Le contrat pour la venue du Casse-Noisette de l'Opéra de Kiev au Théâtre des Champs Élysées a été signé bien avant le 24 février. Ce genre de tournée se prépare des mois à l'avance», dit Vony Sarfati, leur productrice. «J'ai voulu que nous communiquions hier sur la venue du ballet de l'Opéra national de Kiev au TCE tant il me semble important de leur faire savoir en ces temps de douleur que nous les attendons et leur apporterons tout notre soutien y compris financier», indique Michel Franck, directeur du TCE.
Kiyv City Ballet, ballet de l'Opéra de Kiev, Grand ballet de Kiev... Y aurait-il donc dans la capitale ukrainienne autant de ballets que de cathédrales ? La ville compte en fait deux compagnies d'excellence, financées par l'État. La première, est celle du Ballet de l'Opéra National de Kiev. Une centaine de danseurs et leur orchestre, des solistes qui peuvent rivaliser avec ceux des grandes compagnies du monde, une compagnie qui fait l'orgueil du pays. Elle a été accueillie au Théâtre des Champs-Élysées avec un beau Lac des Cygnes à Noël 2019. La seconde est l'Ensemble national d'Ukraine Virsky, compagnie de danses populaires, où 120 danseurs vêtus des costumes régionaux et les danseuses de coiffes fleuries interprètent les séquences de danses traditionnelles du pays.
Les autres, Grand Ballet de Kiev, Kiyv City ballet - et on pourrait varier à l'infini les appellations- sont des compagnies de circonstance, que des producteurs comme France Concert (Kiyv City ballet) ou N.P Spectacles Productions (Grand Ballet de Kiev) font tourner en Europe ou aux États-Unis dans les grands classiques du répertoire interprétés sans éclat. Le Grand Ballet de Kiev, qui vient de quitter la France, présentait un Lac des Cygnes avec une vingtaine de danseurs. Il y en a une soixantaine dans celui présenté par le ballet de l'Opéra national de Kiev. Le Kiyv City ballet donne un Casse-Noisette pour enfants (Casse Noisette et les Mondes enchantés) au Casino de Paris, à Nantes, puis à Tours...
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