La situation devient de plus en plus difficile pour Valery Gergiev. Proche de Vladimir Poutine, le chef d'orchestre voit une à une ses positions à l'extérieur de la Russie se réduire. Sommé de se prononcer sur l'invasion de l'Ukraine par le régime russe, notamment par la Scala de Milan, le patron du théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg se mure pour l'instant dans le silence. Et en essuie les conséquences : dimanche, son agent artistique autrichien Marcus Felsner l'a lâché à son tour.
« J'ai informé aujourd'hui le Maestro Valery Gergiev qu'il n'est plus client de Felsner Artists », a annoncé dimanche l'agent artistique Marcus Felsner sur Facebook. À la lumière de la guerre criminelle menée par le régime russe contre la nation démocratique et indépendante de l'Ukraine, et contre la société ouverte européenne dans son ensemble, il est devenu impossible pour nous, et clairement indésirable, de défendre les intérêts du maestro Gergiev. »
S'il n'hésite pas à décrire celui qu'il représente depuis décembre 2020 comme « le plus grand chef d'orchestre vivant et un être humain extraordinaire », Felsner expose tout de même son désaccord avec les engagements de son associé « Tout art est politique, mais tous les artistes ne sont pas des politiciens. Cependant, les artistes comprennent également la différence claire entre le patriotisme et le soutien politique actif du gouvernement actuel de leur nation.»
Marcus Felsner ajoute que cette décision est difficile : «personnellement j'ai le cœur brisé, c'est le jour le plus triste de ma vie professionnelle».
Directeur musical du Mariinsky et chef principal de l’Orchestre philharmonique de Munich, Valery Gergiev voit sa carrière internationale se réduire à peau de chagrin avec la guerre en Ukraine. Proche du président russe depuis plusieurs années, il confiait en 2018 à l'AFP qu'il rencontrait Vladimir Poutine «5 à 6 fois par an». Gergiev a toujours montré son soutien et sa loyauté au président, comme en 2014 lors de l'annexion de la Crimée par la Russie, qui lui a valu de nombreuses critiques.
L'évincement du chef d'orchestre
Jeudi dernier, le directeur de la Scala, Dominique Meyer et le maire de Milan ont tous les deux demandé à Valery Gergiev de prôner une «solution pacifique» publiquement, suite à l’invasion de l’Ukraine par les Russes, sous risque d’être sanctionné et remplacé pour le spectacle philharmonie La dame de piques , «on trouvera peut-être un autre maestro», exprime Giuseppe Sala, président du conseil d'administration de la Scala lors d'un débat public à Milan.
Le Carnegie Hall et l’Orchestre philharmonique de Vienne ont également annoncé que le chef d’orchestre ne pouvait pas diriger les représentations prévues à New York le week-end dernier. Il a été remplacé au pied levé par Yannick Nézet-Séguin, directeur musical de Met Opera de New York. «Ce changement est dû aux récents événements dans le monde», déclare une porte-parole du Carnegie Hall à l'AFP. Gergiev a également été écarté de certaines représentations à l’Hayes Hall de Naples, en Floride et l'orchestre philharmonique de Rotterdam affirme vouloir annuler le festival prévu si celui-ci ne cesse toujours pas de soutenir Poutine.
Lundi après-midi, enfin, la Philharmonie de Paris a annoncé que les dates à venir du maestro étaient annulées. Gergiev devait notamment diriger une intégrale des symphonies de Tchaïkovski avec l'Orchestre de Paris et celui du Mariinsky en avril et revenir encore avec les Müncher Philharmoniker en mai.
Le maestro n'est pas le seul à être visé par ces protestations puisque le pianiste Denis Matsuev, qui avait été en accord avec la politique de Vladimir Poutine...
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