Dans une longue lettre au Petit Prince, qu'il devait mettre en scène, le patron de Cheyenne Productions crie sa détresse face à l'indifférence des banques. Le courrier a fait le tour des réseaux sociaux, avant d'atteindre le ministère de la Culture où l'entrepreneur sera bientôt reçu.
L'histoire de Cheyenne Productions n'est pas un cas isolé. C'est pourquoi elle est devenue virale, en 48 heures, sur les réseaux sociaux. Claude Cyndecki, le fondateur de cette entreprise spécialisée dans les grands spectacles, chers à produire et nécessitant de longues tournées pour être amortis, est un entrepreneur indépendant. Autant dire qu'il coche toutes les cases pour faire peur aux banquiers : aucun n'a d'ailleurs voulu lui accorder un PGE, prêt pourtant garanti par l'Etat.
Désespéré, Claude Cyndecki , a tenté un coup : il a écrit une lettre au Petit Prince, clin d'oeil au spectacle qu'il devait monter sur scène, « car lui seul peut m'entendre » dit-il. Et il l'a adressée aux artistes et techniciens avec lesquels il travaille, lesquels l'ont diffusée autour d'eux, jusqu'au Syndicat national des entreprises de spectacle, le SNES, qui l'a transmise au ministère de la Culture.
Résultat, le producteur y sera reçu la semaine prochaine. « Le gouvernement doit faire bouger les banques pour maintenir à flots nos entreprises », exhorte ce professionnel autodidacte, qui a commencé comme manutentionnaire, puis régisseur, et promoteur local, avant de créer sa société de production en 1996 à Tours.
De 500 à 700 dates par an
« Lorsque la Covid-19 a frappé, mes productions à succès, Maître Gims, Les Bodin's, 'Stars 80', I Muvrini, Les Frères Taloches, Jeanne Mas, Lenni Kim étaient ou partaient en tournée », explique le chef d'entreprise qui organise de 500 à 700 représentations par an, emploie 21 salariés permanents, mais signe des milliers de fiches de paie.
Ses spectacles de la saison 2020-2021 étaient en préparation, les décors en fabrication, les salles réservées, la promotion engagée, les accords avec les artistes ficelés. « On allait produire le 20e anniversaire de la comédie musicale 'Roméo et Juliette' au Palais des Sports puis dans tous les zéniths de France, monter le spectacle de 'Ben Hur La Parodie', et celui du 'Petit Prince' », énumère Claude Cyndecki.
Tournées impossibles
Quand le ministre de la Santé a interdit, le 29 février dernier, les spectacles rassemblant plus de 5.000 personnes, « j'avais payé les salles, créé les shows, et même investi dans un film sur Les Bodin's interrompu en plein tournage en Thaïlande. En quelques jours, j'ai perdu 35 ans de vie. Ces tournées annulées, ces fournisseurs à payer, ces campagnes d'affichages sans utilité, ce film que je n'arrive pas à finir : la mousson emportera, avec les décors, tous mes espoirs », s'attriste le patron de Cheyenne Productions.
Lequel, comme d'autres confrères, a connu auparavant les difficultés liées aux attentats de 2015, puis aux manifestations des « gilets jaunes ». Certains de ses choix ont par ailleurs été trop ambitieux. Ainsi...
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