La Fevis a recueilli la signature de plus de 200 personnalités du monde musical pour alerter le ministère de la Culture sur la situation critique des ensembles et producteurs indépendants, exclus du mécanisme de compensation des pertes de billetterie.
Le 28 septembre, la ministre Roselyne Bachelot reçevait Jacques Toubon et Louis Presset, président et délégué général de la Fevis (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés), en réaction à la lettre ouverte publiée par la fédération. L'occasion de porter la voix des musiciens et ensembles, "abasourdis d'apprendre qu'a été prise la décision d'écarter les salles et festivals programmant des musiques de patrimoine et de création du mécanisme de compensation de billetterie".
En cause, les dispositifs d'urgence du gouvernement annoncés pendant l'été ne profiteront pas à la musique classique. Le fonds de secours destiné à compenser les pertes induites par la limitation des jauges dans les salles de spectacle ne concerne ainsi que le secteur des musiques actuelles, laissant les ensembles indépendants dans un "angle mort".
Troisième pilier de la musique classique
"Un déficit criant de considération". Ce sont les mots accusateurs employés dans la tribune de la Fevis. Face à l'impact dévastateur de la crise sur le secteur de l'indépendance, la fédération ne fait que souligner l'importance de "ce 3ème pilier de la musique classique" et la nécessité de le protéger. Car ce sont 12 383 représentations annulées, 11 millions d'euros de chiffre d'affaires détruits, et 2,3 millions d'euros de pertes sèches qui affectent depuis mars dernier les ensembles. De quoi inquiéter les professionnels pour les années à venir.
Les signataires de la lettre ouverte dénoncent également l'injuste répartition des aides exceptionnelles du gouvernement au sein des différents secteurs de la culture. "Comment devons-nous interpréter les 81 millions d'euros promis à l'Opéra national de Paris, alors même que le déficit annoncé n'était que de 45 millions d'euros, quand les ensembles ne savent toujours pas s'ils survivront à 2020 ?", questionnent-ils dans le document. Avant de demander : « Quelle logique à sauver si ouvertement les intermittents si vous laissez mourir les structures qui les emploient ? ».
La réponse du CNM
Afin d'apaiser la situation et apporter une première réponse à ces inquiétudes, le CNM a annoncé le 28 septembre la « création d'un Fonds de 2 M€ en soutien de l'activité des entreprises privées de spectacles dans le domaine de la musique classique et contemporaine ». L'organisme propose une aide "d'un montant maximum de 35 k€, [qui] vise à soutenir les entreprises de spectacle qui font face à des difficultés économiques depuis le début de la crise sanitaire. Elle permettra de tenir compte, jusqu'au 31 décembre 2020, des pertes de billetterie liées au maintien des mesures de distanciation physique. ».
Garance Lunven