Esthète enthousiaste œuvrant dans l’ombre du plus grand festival de spectacle au monde, le nouveau directeur technique général du in revient sur le séisme de l’annulation de la pièce de Krystian Lupa et déroule, à vélo, trente ans de carrière au service de sa passion.
Avec le plein air, avec tous ces cloîtres et gymnases transfigurés en théâtres éphémères, il y a des tuiles que tu ne peux jamais anticiper au Festival d’Avignon. Les oiseaux du cloître des Célestins qui bombardent de fientes les comédiens de Tim Crouch ? Tu peux rien faire. Les cigales qui recouvrent les voix des acteurs de Gwénaël Morin au jardin de Mons ? Tu peux rien faire. En revanche, le mistral qui risque de plaquer au sol les comédiens dans la cour d’honneur du palais des Papes s’ils portent des costumes trop lourds, tu dois pouvoir anticiper. L’huile dans le moteur entre artistes et équipes techniques, idéalement, pareil. Ça demande non seulement l’acuité du regard du lynx, un savoir-faire opérationnel de très haut niveau, mais aussi une compréhension fine de l’âme humaine en état d’ébullition créative. Mieux vaut en avoir en tant que directeur technique du plus grand festival de spectacle au monde, un poste qui ressemble un peu à Charon sur le Styx : faire le lien entre deux rives, le monde terrestre de la sécurité et du droit du travail et le royaume des fantasmagories les plus extravagantes.
Voici donc Charon aka Michael Petit, sur son vélo électrique, pédalant dans les venelles de la fournaise avignonnaise, s’arrêtant tous les 2 mètres pour frapper dans la main de Fred, Fab, Jim (allez savoir pourquoi...