Laurent Wauquiez, président d'Auvergne-Rhône-Alpes, veut réorienter les financements de la région vers des structures culturelles plus petites et plus impliquées dans les territoires. Décision qui met en danger la saison 2022 dans les équipements lyonnais. Les organisations professionnelles nationales redoutent plus de visibilité sur les politiques culturelles des collectivités.
Moins 500 000 euros à l’Opéra de Lyon, mois 350 000 euros à la Villa Gillet, moins 250 000 euros à la Biennale d’art contemporain, moins 100 000 euros au Festival Lumière… Mais aussi probablement sous peu, d’autres théâtres locaux. D’ici quelques mois, ces acteurs culturels auverhônalpins de référence se trouveront privés de toute ou partie de leurs subventions régionales. « Une décision brutale », dénoncent-ils, apprise en lisant le quotidien local le Progrès où Sophie Rotkopf, la vice-présidente du conseil régional en charge de la culture a annoncé un changement de cap dans la politique culturelle de sa collectivité. La Région AURA souhaite désormais réorienter ses subsides sur des initiatives et des acteurs plus ancrés dans les territoires.
Manque de transparence
L’opposition de gauche ne l’entend pas de cette oreille. Elle vient d’adresser une missive à Laurent Wauquiez pour lui demander des explications sur la répartition des subventions. « La vice-présidente à la culture argumente sur la nécessité de mieux servir, « de rééquilibrer » certains territoires. Nous doutons fort que la politique culturelle de la région soit réellement conduite avec des critères transparents de rééquilibrage, les décisions d’octroi de subventions semblant plutôt relever en permanence de l’arbitraire voire du clientélisme », écrivent notamment les élus de gauche au conseil régional.
Pour l’heure, le président d’Auvergne Rhône-Alpes ne s’est pas exprimé sur ce sujet. Son cabinet précise qu’« il n’y a pas de jugements portés sur les actions conduites par ces structures, simplement le souci de conduire l’action culturelle régionale sur l’ensemble du territoire ». L’entourage du président indique par ailleurs qu’aujourd’hui « près de 60% des engagements régionaux se portent sur des structures basées dans les métropoles ». Il souligne aussi que le budget 2022 de la culture reste identique à celui de 2021, et que ces coupes ne valent que pour cette année, ne laissant présager en rien des subventions qui seront accordées l’an prochain.
Saison culturelle 2022 en danger
Pour autant, même si la région semble vouloir temporiser, le mal est fait. « Notre édition 2022 débute le 14 septembre, la plupart des projets sont déjà bien engagés, il est impossible de les stopper », se désole Isabelle Bertolotti, directrice artistique de la Biennale d’art contemporain de Lyon. Elle a mobilisé ses équipes sur la recherche de mécénat et d’arbitrages en matière d’organisation, mais trouver ailleurs et en quelques semaines les 253 000 euros de subvention coupée par la région relève de l’utopie. « Sur cette édition, plusieurs de nos mécènes ne peuvent pas nous aider à cause du covid. Pour les suivantes, nous espérons parvenir à en mobiliser de nouveaux, peut-être revoir les tarifs ou inventer d’autres types de collaborations », égraine Isabelle Bertolotti.
Mais surtout, elle ne comprend toujours pas en quoi la biennale qui organise notamment cette année des mini expositions dans les Monts du Lyonnais et à Clermont-Ferrand, échappe aux critères de la région. Sous couvert d’anonymat, un directeur de théâtre local qui s’attend lui aussi à devoir se priver des subsides de la région, est lui aussi sous le choc. Il dénonce « des arbitrages brutaux réalisés au fil de la saison ».
Au-delà de l’impact financier, l’Union syndicale des employeurs du secteur public du spectacle vivant (USEP-SV (1) est vent debout contre la méthode. « Comment des acteurs culturels comme les nôtres qui travaillent parfois deux ans à l’avance peuvent s’adapter à des décisions aussi brutales et continuer d’assurer leur mission de service public. Nous avons besoin d’un minimum de sécurité, au moins sur une année budgétaire », plaide Frédéric Maurin, président du Syndicat national des scènes publiques (SNSP).
Menace sur la culture au niveau national ?
Les décisions prises en Auvergne Rhône-Alpes mettent en effet en lumière un scénario que les institutions culturelles redoutent. A court terme, en Auvergne Rhône-Alpes, elles compromettent l’avenir de certaines structures. A l’image de la Villa Gillet, qui travaille sur la promotion de la littérature et voit la totalité de sa subvention régionale de 350 000 euros lui échapper...
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