La programmation culturelle de CVS a renforcé l'attractivité du château de Versailles (Yvelines) ces dernières années. Mais les magistrats déplorent un pilotage peu encadré et un manque de transparence dans l'emploi des aides attribuées.
C'est un jugement sévère que porte la Cour des comptes sur Château de Versailles Spectacles (CVS). La filiale à 100 % de l'établissement public a pourtant énormément développé depuis 2003 l'offre de spectacles du site. CVS programme les spectacles grand public de type grandes eaux ou concerts de musiques actuelles, fortement bénéficiaires, pour financer des propositions pointues et structurellement déficitaires telles que la saison à l'opéra royal, son orchestre et son choeur, le label musical CVS élu le meilleur de l'année par les International Classical Music Awards 2022, les expositions d'art contemporain… Un système plutôt vertueux.
Mais les magistrats de la rue Cambon regrettent son manque de transparence et la gouvernance de CVS leur apparaît faible : « L'établissement public n'y est représenté que par sa présidente », Catherine Pégard, et « n'est pas en capacité d'exercer son contrôle ni de jouer le rôle d'orientation de sa filiale ».
Ils qualifient même le conseil d'administration de CVS de « fiction » et s'étonnent que le directeur de CVS soit en CDI quand ses homologues des structures labellisées par le ministère de la Culture voient leur mandat remis en jeu périodiquement. Les juges pointent des défauts dans le respect des règles de commandes publiques, et vont jusqu'à réclamer une révision des statuts de cette société par actions simplifiée unipersonnelle sur le modèle du Palais de Tokyo ou de la SAS Pass Culture.
Des aides considérables
Si la Cour des comptes reconnaît « un public chaque année plus important aux grandes eaux et aux jardins musicaux » et une offre globale considérablement accrue, il relève « nombre de dysfonctionnements » et notamment l'absence de bilan de l'usage des aides « considérables » versées pendant la crise sanitaire. Outre 3 millions de prêts garantis par l'Etat, CVS a reçu 3,15 millions d'aides transversales et sectorielles durant le Covid-19. Bénéficiant d'un cercle d'amis fidèles, pas moins de 500.000 euros de recettes de mécénat ont par ailleurs été maintenues. Et CVS a pu économiser 580.000 euros du fait du renoncement du château à recevoir sa part fixe de redevance.
A ces soutiens, se sont ajoutés 10 millions de subventions exceptionnelles en 2020 et 2021 : une enveloppe de cinq millions pour faire face aux frais de gestion, puis une seconde de cinq millions liés à l'instauration d'un passe sanitaire dans les lieux culturels de plus de 50 personnes. Et ce, alors même qu'aucun bilan précis de l'emploi de la première n'avait été fourni, que CVS a continué à...
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