Pour financer les investissements, ce projet culturel d’envergure, annoncé par François Hollande en 2016 et prévu dans le 17e arrondissement de Paris, a été enterré.
Il y avait foule dans le grand salon de la Rue de Valois pour assister à la présentation du budget 2024 du ministère de la culture. « Vous êtes beaucoup plus nombreux que l’année dernière, est-ce parce qu’on a plus d’argent ? », s’est interrogée, tout sourire, Rima Abdul Malak. Avec une enveloppe de 4,46 milliards d’euros (hors audiovisuel public), le budget de la culture affiche une hausse de 6 % (+ 241 millions d’euros) pour 2024.
Si elle s’avère moindre qu’en 2022 (+ 7,5 %) et 2023 (+ 7 %), cette progression permet d’atteindre « un niveau record », s’est félicitée la ministre, qui dit avoir « négocié pied à pied ». Au total, depuis 2017, « le budget culture est en hausse de 30 %, c’est plus de 1 milliard d’augmentation depuis le début de la présidence d’Emmanuel Macron », a-t-elle insisté, comme pour répondre de manière préventive à ceux qui jugeraient faible cette hausse de 6 % en période d’inflation.
A chaque budget son vocabulaire. En 2023, cela a été celui de « la résilience et [de] l’action », pour 2024, ce sera celui de « la transformation et [de] la mutation ». Transition écologique oblige. Le patrimoine arrive en tête des priorités, avec une enveloppe de 1,18 milliard d’euros (+ 8 %). Alors que 2024 verra la réouverture de lieux emblématiques (Notre-Dame, Grand Palais) et l’ouverture de la Cité internationale de la langue française dans le château rénové de Villers-Cotterêts, une enveloppe de 55 millions de crédits supplémentaires sera affectée à la restauration de sites patrimoniaux (parmi lesquels l’ancienne abbaye-prison de Clairvaux, le château de Gaillon en Normandie, la poursuite du plan cathédrales…) et à la rénovation de musées emblématiques (notamment le Centre Pompidou, le palais de la Cité, le Musée Guimet…).
« Favoriser les coopérations et mutualisations »
« Afin de pouvoir assumer ces investissements tout en faisant des efforts pour contribuer à l’équilibre des finances publiques, il a fallu faire des choix », a souligné Rima Abdul Malak. C’est la Cité du théâtre qui fait les frais de ces arbitrages. Annoncé, en 2016, par François Hollande, ce projet consistait à réunir, sur le site des ateliers Berthier (Paris 17e) , le Conservatoire national supérieur d’art dramatique et des salles de spectacle et de répétition pour l’Odéon-Théâtre de l’Europe et la Comédie-Française. Sept années et cinq ministres de la culture plus tard, ce chantier culturel d’envergure (22 000 mètres carrés) ne verra pas le jour.
« J’ai dû me résoudre à renoncer à cette Cité du théâtre, dont le calibrage budgétaire avait été sous-estimé. Après avoir missionné un expert indépendant, on s’est rendu compte qu’aucune option n’était viable ni économiquement ni culturellement », a expliqué la ministre. Chiffré initialement à 86 millions d’euros, le financement nécessaire « était en hausse de 45 % », précise-t-elle. En ces temps d’inflation galopante et d’enjeux environnementaux, l’heure n’est plus aux grands travaux.
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