Absence de stratégie, modèle économique fragile, fermeture pour travaux mal préparée… La Rue Cambon publie un rapport extrêmement critique sur le célèbre musée aux tuyaux verts et bleus.
Les rapports de la Cour des comptes tombent régulièrement comme la règle sur les doigts et, la plupart du temps, ça fait mal. Celui que les magistrats financiers de la Rue Cambon viennent de publier sur le Centre Pompidou n’y déroge donc pas. Les activités du bâtiment aux tuyaux verts et bleus ont été épluchées et analysées sur la période 2013-2022. En 124 pages, ponctuées de résumés parfaits pour le commun des mortels fâché avec la comptabilité analytique, les rapporteurs décryptent le fonctionnement financier et la gestion de l’établissement à vocation pluridisciplinaire, une machinerie extrêmement lourde employant un millier de salariés et comptant non seulement le Musée national d’art moderne (près de 122 000 œuvres dans ses collections), mais aussi deux bibliothèques, des salles de spectacles et de cinéma, un centre de recherche (l’Institut de recherche et de coordination acoustique/musique, ou Ircam) et divers lieux publics.
Si l’on tente de résumer leur étude en deux colonnes, celle des « plus » et celle des « moins », autant commencer par la première. Elle ne comporte qu’une seule ligne, le succès des antennes du Centre à l’étranger et les revenus qu’elles génèrent. Ainsi à Málaga, dont l’antenne fêtera bientôt ses 10 ans, et Shanghaï, et prochainement à Bruxelles et Séoul. Cependant, les auteurs soulignent que cette réussite s’est faite « au fil de l’eau », le Centre répondant aux sollicitations sans pour autant avoir établi une véritable stratégie au niveau international.
La « stratégie », maître mot omniprésent, revient souvent dans la colonne des « moins », associée le plus souvent à l’« absence » et au « manque ». Exemple, écrit en gras, histoire d’enfoncer le clou : « Il n’existe pas de document formalisant la stratégie globale du Centre Pompidou », qui décoche une même flèche à l’établissement et à son instance de tutelle, le ministère de la Culture. En déplorant la fragilité du modèle économique du musée, reposant sur la billetterie et les subventions publiques, la Rue Cambon encourage à mettre en œuvre « une stratégie pour amplifier sa fréquentation » (2,6 millions de visiteurs en 2023), notamment auprès de visiteurs étrangers lui préférant le Louvre.
La gestion des travaux en question
La part la plus ardue du rapport, qui occupe la majeure partie des chapitres, concerne la gestion de l’avant-travaux et la préparation de l’après-travaux. C’est la pierre angulaire du dossier, autant humaine qu’architecturale.
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