Les salles sont à nouveau fermées au public depuis le 30 octobre, plongeant le monde du spectacle vivant dans l'incertitude la plus totale. Comme tant d'autres, le parisien Théâtre 14 a tenté de s'adapter au mieux à la crise sanitaire. Récit.
L'événement a lieu il y a moins d'un an ; c’est-à-dire une éternité. Le 1er juillet 2019, Mathieu Touzé et Edouard Chapot prennent officiellement leurs fonctions de codirecteurs à la tête du Théâtre 14. Ils ont à peine 30 ans et n'ont jamais dirigé de lieu. Leur nomination est rare, comme leur projet.
Ils veulent faire de cette salle municipale ronronnante, située à la lisière de Paris (porte de Vanves), un lieu de création à l'ambition nationale, en proposant des mises en scène d'artistes reconnu·es comme Pascal Rambert, Olivier Py, le tg STAN ou Alain Françon, avec des créateur·trices moins établi·es. Après de longs travaux de rénovation, l'ouverture en janvier 2020 est un succès. La salle de deux cents personnes est comble ; de quoi commencer leur mandat sous les meilleurs auspices.
Jusqu'à l'arrivée du Covid, évidemment. Depuis le mois de mars, le Théâtre 14 s'est adapté aux mesures sanitaires, du confinement au déconfinement, de la jauge réduite au couvre-feu, et finalement au reconfinement... Un état de crise permanent en somme. En six mois, ils ont tout connu, le choc de la fermeture, le travail forcené – pour certain·es –, l'épuisement, la lassitude, le désœuvrement, la frustration et la colère.
“Nous fermons à double tour une salle que nous avons conçue comme un lieu ouvert” Mathieu Touzé
Pour rendre compte de cette histoire, tristement emblématique de ce que traverse le milieu du spectacle vivant, Les Inrockuptibles ont interviewé trois membres de son équipe : Mathieu Touzé, l'un des deux directeurs, Magali Bonat, la comédienne qui a le plus joué dans ce théâtre en 2020, et Enrico Benedetti, qui travaille à la billetterie. Ensemble, il·elles font part de leurs états d'âme et racontent ces huit mois de folie.
Mardi 17 mars, 11 heures. Annoncées la veille, les mesures du premier confinement entrent en vigueur à midi. La direction doit être opérationnelle au plus vite, délocalisée – “hors les murs”, comme on dit dans le milieu –, en l'occurrence les appartements parisiens des directeurs Mathieu Touzé et Edouard Chapot qui rentrent chez eux, tête baissée, avec leur PC sous le bras. “C'est un choc, se souvient Mathieu Touzé. Nous fermons à double tour une salle que nous avons conçue comme un lieu ouvert où chacun peut passer à n'importe quelle heure, pour boire un verre, voir un spectacle, rencontrer des artistes...”
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