Le producteur et programmateur des deux salles de la Porte Saint-Martin, prend aussi les commandes des Bouffes Parisiens à la rentrée, avec cette même exigence de théâtre public dans des lieux privés.
« Alors je ne vais pas faire semblant et rouler des mécaniques. C'est vertigineux ! Franchement. Ça a beau faire vingt ans que je travaille à la Porte Saint-Martin, l'idée de donner la main à une nouvelle salle historique parisienne de 600 places, c'est vertigineux », raconte Jean Robert-Charrier, qui prend la tête des Bouffes Parisiens, en plus de la direction des deux salles du Théâtre de la Porte Saint-Martin (200 et 1.050 places), embarqué dans cette nouvelle aventure par le propriétaire de ces lieux, l'homme d'affaires et mécène Marc Ladreit de Lacharrière, grâce à sa société Fimalac Entertainment.
A 40 ans, Jean Robert-Charrier - « surtout notez bien que mon prénom, c'est Jean ! » insiste-t-il, lassé de voir son patronyme perpétuellement amputé - s'est taillé une solide réputation dans le monde du théâtre. Celle d'un passionné qui a fait tomber les frontières entre théâtre public et privé , apportant l'exigence du premier dans l'enceinte du second où il invite de grands noms de la mise en scène tels que Joël Pommerat, Laurent Pelly, Dominique Pitoiset, Zabou Breitman, Alain Françon, Christian Hecq et Valérie Lesort…
Le grand virage
Les planches, on a l'impression qu'elles occupent 100 % de la vie de ce célibataire sans enfants. Et ce depuis qu'il y a vingt ans, il a foulé celles de la Porte Saint-Martin pour y déchirer les billets et financer ses cours de théâtre. « J'y ai exercé tous les métiers, caissier, ouvreur, communicant. Au bout de cinq ans, j'avais 25 ans, on m'en confiait les manettes », rappelle fièrement celui qui, dans la foulée, a pris des cours du soir d'économie.
En 2015, « c'est le grand virage » vers la programmation ambitieuse qu'il attendait, quand le théâtre jusque-là axé sur les comédies commerciales avec des têtes d'affiche, est racheté à Jean-Claude Camus par Marc Ladreit de Lacharrière. « Nous avons repris des pièces du théâtre public et ajouté nos propres productions deux à trois fois par an, hissées au même niveau de qualité, ce qui nous a permis d'être bien identifiés par le public et les artistes », poursuit ce directeur discret, plus à l'aise derrière les projecteurs, malgré sa formation dans un conservatoire de la région parisienne puis au cours Florent. Il va ainsi produire des spectacles exigeants et populaires tels que « Les Femmes savantes » avec Bacri-Jaoui, « Le Jeu de l'amour et du hasard » avec Vincent Dedienne, ou « Tartuffe » avec Michel Fau et Michel Bouquet…
Un rapport intime à ses salles
« J'ai un rapport intime à la Porte Saint-Martin, et pour moi les Bouffes Parisiens seront comme un lieu cousin, avec d'ailleurs une même charte graphique. Mais cette jauge complémentaire me permettra de programmer des spectacles qu'il aurait été trop risqué de produire dans une salle de 1.050 places », pointe Jean Robert-Charrier qui ne plaisante pas avec une saine gestion.
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