Le producteur d’Alex Lutz et Nicolas Canteloup a déboursé 8 millions d’euros pour acquérir l’établissement parisien construit en 1907. Son objectif ? Remplacer les événements “trop connotés idéologiquement” par du théâtre, des artistes pop-rock et de l’humour.
Àl’image de sa programmation actuelle, Gaveau, historiquement, a toujours eu une vocation un brin fourre-tout. Construite en 1907 par le célèbre fabricant de pianos du même nom, la vénérable salle de concert de la rue La Boétie (Paris 8ᵉ) fut d’abord pensée comme une vitrine par son propriétaire, Étienne Gaveau, à l’égal des auditoriums dont s’étaient dotés ses concurrents Érard (rue du Mail, 2ᵉ) et Pleyel (rue Rochechouart, 9ᵉ, puis rue du Faubourg-Saint-Honoré, 8ᵉ) : le public se rendant au spectacle devait d’abord passer par le hall pour y admirer les instruments exposés.
Très vite, grâce à son acoustique incomparable, Gaveau est devenue LA salle de référence de la capitale pour le récital instrumental et la musique de chambre. Une acoustique due à son plan rectangulaire voulu par l’architecte Jacques Hermant, comme une boîte à chaussures en béton armé lui conférant un son pur et sec, sans pilier central susceptible de gêner la vue. Dès ses origines, elle a vu défiler tous les grands noms du classique : Debussy, Cortot, Enesco, Kreisler, Casals ou Ysaÿe au début du siècle, Wanda Landowska dans l’entre-deux-guerres, Samson François après-guerre… En 1998, Rostropovitch reversait la recette d’un récital pour payer un parquet neuf. En 2001, Roberto Alagna donnait de la voix pour une réouverture après une période de rénovation. Plus récemment, en 2012, un partenariat avec le label discographique Naïve envoyait sur la scène des artistes comme Nelson Goerner (piano), Anne Sofie von Otter (mezzo-soprano), mais aussi Jacques Higelin ou Piers Faccini, amorçant une orientation moins classique.
Une programmation “pas assez lisible”
La pianiste Marisa Borini, mère de Carla Bruni-Sarkozy, s’est également souvent produite dans cet écrin au décor gris tourterelle, rehaussé de vieil or. Et nous fournit une transition toute trouvée pour aborder l’autre versant de Gaveau, une partition plus politique, dans une tonalité nettement droitière. À côté de ses programmes chambristes, ce temple de la musique, situé à deux pas de l’Élysée et de l’hôtel Bristol, a ainsi abrité des réunions de défenseurs de l’Algérie française en 1958, un gala de jeunes gaullistes en opposition à Mitterrand en 1983, des rassemblements de militants sarkozystes dans les années 2000, un meeting de Rachida Dati lors des municipales de 2020. Le soir du 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy y a même prononcé son premier discours de président. Et depuis peu, Le Figaro y organise des...
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