L’acrobate Nicolas Fraiseau et la danseuse Estelle Maire témoignent de la situation financière dramatique dans laquelle les a plongés la crise sanitaire liée au coronavirus.
L’acrobate et expert en mât chinois Nicolas Fraiseau, 24 ans, devait être programmé pour six représentations au festival Paris l’Eté avec le spectacle Instable, un solo mis en scène avec Christophe Huysman de la compagnie Les Hommes penchés. Un temps fort parisien, tremplin parfait pour propulser une création déjà très demandée. Lundi 20 avril, la manifestation parisienne a été annulée.
Depuis, Nicolas Fraiseau, confiné avec un groupe de treize amis circassiens aux Ulmes (Maine-et-Loire), où ils ont repris depuis 2016 un lieu de résidence avec deux maisons adjacentes au studio de répétition, additionne les annulations : plus de 50 dates depuis le début du confinement, jusqu’au 30 juillet. Parallèlement à Instable, avec lequel il devait tourner aux Etats-Unis – un an de mise en place des dates pour l’administratrice de la troupe –, il joue aussi dans la pièce de Gaëtan Levêque, La Main de la mer, et la troupe Métis’Gwa, et devait partir en Colombie.
Intermittent depuis quatre ans, il craint le pire pour son statut. « Ma date anniversaire [pour la validation des droits] tombe le 11 juillet et je n’ai pour le moment que trois cents heures sur les cinq cent sept qu’il me faut pour renouveler mon statut », explique-t-il. « Impossible d’ici là de faire les deux cents heures manquantes. Même en rallongeant de trois mois, comme il en est question actuellement, la période jusqu’au 11 novembre, je doute d’y arriver. » S’il compte un peu sur le chômage partiel pour les dates annulées en France, il ne pourra pas compenser les heures manquantes : un cachet en chômage partiel compte pour sept heures de travail et non douze comme dans le régime intermittent.
« C’est une “année blanche” qu’il nous faudrait », poursuit-il. « Je suis au début de mon parcours et j’entre tout juste dans la vie active. Je sais que je m’adapterai à ce qui se profile. Mais pour certains autres, en particulier les plus âgés, qui ont construit leur vie sur l’intermittence, ça risque d’être vraiment difficile de pouvoir continuer à exercer leur métier. Nous devons défendre ce système, qui donne une certaine sécurité aux artistes. »
« Pas d’auditions pour le moment »
Même constat chez la danseuse contemporaine Estelle Maire, 26 ans. Intermittente depuis...
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