Avec les annulations de tournages, de répétitions ou de représentations dues au Covid-19, les artistes et les techniciens les plus précaires du cinéma et du spectacle vivant s'inquiètent plus que jamais pour leurs fins de mois. Certains craignent voir leurs indemnités réduites ou supprimées dans la durée. Le détail des aides promises est toujours attendu.
Jérémy, 26 ans, devait tourner en mars son premier court métrage sur la côte Atlantique et, une fois le creux de l’hiver passé, enchaîner comme prévu les contrats d’assistant-réalisateur pour continuer ainsi à bénéficier du régime d’intermittent du spectacle. C’était sans compter le coronavirus. «J’ai à peine fait 250 heures et ma date d’anniversaire [date à laquelle l’intermittent doit justifier de ces 507 heures de travail annuel, ndlr] est le 31 juillet. Le tournage de mon court est décalé en septembre-octobre et je ne pourrais jamais réussir à réunir la même équipe de techniciens et d’acteurs. En plus, à la fin du confinement, il risque d’y avoir un embouteillage sur le matos et les techniciens.»
Dernier à reprendre «une activité normale»
Pas de télétravail possible ou de chômage partiel pour les réalisateurs, comédiens ou techniciens en intermittence. Comme Jérémy, la plupart craignent de ne pas avoir le temps d’effectuer leurs 507 heures, a fortiori dans le milieu du cinéma, où les tournages sont essentiellement planifiés au printemps et en été. Mais la situation est encore plus critique pour le spectacle vivant — «le premier secteur touché par les interdictions», selon la CGT spectacle. Lequel sera, si on en suit leur communiqué du 25 mars, le dernier à reprendre «une activité normale». Une fois le confinement terminé, les théâtres (notamment ceux dont la jauge dépasse 1 000 personnes) pourraient tarder à rouvrir. Et comment comédiens et danseurs, privés de répétitions, pourront en honorer la programmation ?
Flou total
Face à tant d’inconnus, la précarisation s’accentue. Sarah, régisseuse dans un théâtre privé parisien et créatrice lumière, a carburé dès octobre pour être éligible, pour la première fois, à l’intermittence. Elle aussi avait tout calculé, sûre d’obtenir son statut en avril. Du jour au lendemain, flou total, elle reste scotchée au téléphone essayant de joindre Pôle Emploi dans l’espoir de pouvoir toucher le chômage : «Le théâtre paie 95% des heures prévues pour le mois de mars mais ne sait toujours pas s’il pourra me payer en avril. Je devais aussi faire des remplacements comme régisseuse d’accueil dans un théâtre municipal mais sachant qu’aucun contrat n’a été signé avant, comme très souvent dans le spectacle vivant, je ne pense pas qu’ils vont me payer.»
Panique à bord
Le 19 mars, les ministères du travail et de la culture ont annoncé...
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