Pierre Beffeyte imagine déjà le Off du monde d'après. Le patron d’Avignon Festivals & Compagnies, l’association qui encadre le festival « Off » d’Avignon, veut que la crise et l’annulation de l'édition 2020 puissent apporter des changements.
Récemment interrogé par Le Monde (16 avril), celui qui dirige par ailleurs la structure de tournées «Scène et Public» souhaite que chacun tire les leçons du chaos que le monde du spectacle traverse actuellement.
Comme un certain nombre de directeurs de théâtre, Pierre Beffeyte veut en effet que la crise « serve enfin à amener un changement pour le “off” : Ce festival est une sorte de concentré de l’économie de marché, il fonctionne sur un modèle économique dont on voit les limites depuis plusieurs années déjà, avec des margoulins prêts à tout pour faire de l’argent sur le dos de compagnies de théâtre aux abois. Tant que l’Etat ne se saisira pas de la question, on ne s’en sortira pas ».
«La crise comme levier d’une refondation ? Beaucoup veulent y croire, à Avignon comme ailleurs», conclut le quotidien.
Dans un entretien à Sceneweb.fr (17 avril), Pierre Beffeyte renchérit : "Cette crise est l’occasion dans tous les domaines de se rendre compte qu’on est arrivé aux limites d’un système. Que veulent les salles, les théâtres et l’État ? On dit souvent que l’absence d’intervention de l’État assure au festival sa richesse et sa diversité. Comme c’est privé, on fait ce qu’on veut. Mais je crois que les compagnies ont envie que les choses changent. Ce sont elles qui subissent le plus la dérégulation. La création d’un fonds d’urgence, c’est donc l’occasion ou jamais pour l’État de dire au Festival Off, on apporte de l’argent, donc on met des règles. Si j’étais Ministre de la Culture, c’est ce que je ferais. Mais l’Etat le veut-il ? Les compagnies le veulent-elles vraiment ? Moi, je ne peux pas décider de ça."
Annulé pour cette édition 2020, le Off d’Avignon a accueilli, en 2019, près de 1600 spectacle et 6000 artistes. Les professionnels (et une partie du public) déplorent les dérives du rendez-vous : offre pléthorique de spectacles, théâtres loués à prix d’or, productions majoritairement déficitaires, loyers qui flambent, ville qui explose... C’est dire si une refondation est appelée de ses vœux et que l’on attend les pistes concrètes pour reconstruire le Off d’après.
Antoine Blondel