Malgré les appels à la confiscation, la France a récemment accepté de restituer à la Russie les tableaux prêtés à la Fondation Louis Vuitton pour l'exposition de la collection Morozov. Mais le ministère de la Culture a annoncé ce weekend que deux tableaux resteront dans l'Hexagone.
Alors que la guerre en Ukraine fait rage, la France prend des mesures pour garantir le retour en toute sécurité en Russie de l’éblouissante collection Morozov, présentée depuis septembre à la Fondation Louis Vuitton à Paris. Mais ces dernières semaines ont été marquées par un climat d’incertitude quant au destin des œuvres de la collection. D’un côté, les sanctions européennes envers la Russie compliquent le rapatriement des chefs-d’œuvre, de l’autre, de nombreuses voix appellent à leur confiscation. Alors que les œuvres appartenant aux musées russes sont protégées par la loi française contre la saisie et qu’une ordonnance d’insaisissabilité est en vigueur jusqu’au 15 mai, le ministère de la Culture a annoncé samedi 9 avril que deux tableaux, l’un appartenant à un oligarque russe l’autre à un musée ukrainien, vont rester en France.
Un oligarque russe dans le collimateur
Clôturée le 3 avril dernier, l’exposition de la Fondation Louis Vuitton a connu un immense succès, dépassant les 1 250 000 visiteurs. Et pour cause : elle présentait quelque 200 chefs-d’œuvre de l’art moderne signés Van Gogh, Gauguin, Matisse et Picasso, collectionnés au début des années 1900 par les magnats russes du textile Mikhail et Ivan Morozov. Si la plupart des œuvres avaient été prêtées par le musée d’État de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, le musée d’État des beaux-arts Pouchkine et la galerie d’État Tretiakov à Moscou, certaines provenaient de collections privées.
Alors que les œuvres de la collection sont en cours de décrochage et doivent retourner dans les musées russes auxquels elles appartiennent, deux œuvres devraient rester sur le territoire français. La première, un autoportrait de Pyotr Konchalovsky (1876-1956), le « Cézanne russe », fait partie de la collection privée de Petr Aven, un homme d’affaires russe proche de Vladimir Poutine. L’œuvre restera en France « tant que son propriétaire demeurera visé par une mesure de gel d’avoirs », a indiqué le ministère. La seconde, un tableau appartenant au musée de Dnipropetrovsk en Ukraine, est un portrait de Margarita Morozova, femme du collectionneur Mikhaïl Morozov, peint en 1910 par Valentin Serov (1865-1911). L’œuvre a été saisie à la demande des autorités ukrainiennes mais restera en France « jusqu’à ce que la situation du pays permette son retour en sécurité », indique l’AFP. Son transport jusqu’à Dnipro, dans l’est de l’Ukraine, risquerait en effet de l’endommager. Le sort de la toile est actuellement incertain. Une troisième œuvre, liée au milliardaire russe Viatcheslav Kantor, fait l’objet d’un examen par les services de l’État français.
Malgré cette mesure, le ministère préconise l’apaisement et cherche à éviter tout conflit ou complications diplomatiques et logistiques...
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