Le Festival du livre de Paris, qui doit succéder en avril à Livre Paris, fait des mécontents : les éditeurs indépendants.
Les petits éditeurs seront-ils exclus du Festival du livre de Paris, la manifestation qui doit succéder au Salon Livre Paris et se tenir, du 21 au 24 avril, à Paris, au Grand Palais éphémère ? Dominique Tourte, président de la Fédération des éditions indépendantes, qui regroupe 270 maisons, reproche à son organisateur d’avoir «imaginé un système qui rend impossible la présence de la quasi-totalité des petits et moyens éditeurs».
Dans une lettre ouverte du 3 janvier à Jean-Baptiste Passé, le directeur général de Paris Livres Evénements – filiale à 100 % du Syndicat national de l’édition (SNE), qui organise désormais seul ce salon –, Dominique Tourte condamne «les coûts d’inscription prohibitifs», tout comme «le modèle économique» choisi. Il rappelle que «le prix pour une participation à Livre Paris [quand l’organisation était confiée à Reed Expositions France] s’élevait en 2019 à 2 140 euros hors taxes pour 9 mètres carrés» (le stand le plus petit, non meublé). Un tarif qui explose au nouveau Festival du livre de Paris : «La plus petite cellule (12 mètres carrés meublés) coûte 17 900 euros hors taxes» et, fait nouveau, le nombre de livres est limité à 1 500 volumes.
Vente directe impossible
En effet, alors que bon nombre d’éditeurs vendaient directement leurs nouveautés ou leur fond à l’occasion de ce salon, cela ne sera plus possible. Les organisateurs ont signé un partenariat avec l’association Paris Librairies, chargée de centraliser toute la commercialisation des ouvrages. Jean-Baptiste Passé, qui fut directeur général de La Procure pendant cinq ans, avant de prendre en main la nouvelle manifestation, jugeait inconcevable de ne pas intégrer les librairies dans le dispositif. Ce qui permet aussi, selon lui, «d’optimiser la surface du Grand Palais, avec des caisses centrales et non plus sur chaque stand, et de mieux gérer les contraintes logistiques du flux d’approvisionnement».
Reste qu’avec ces nouvelles conditions commerciales Dominique Tourte calcule que l’éditeur ne touchera plus que 8 euros sur un livre vendu 20 euros. «En imaginant même illusoirement vendre 1 500 volumes en trois jours, la recette maximale serait de 12 000 euros», affirme-t-il. Et donc la perte «d’un minimum de 5 900 euros». Ce qui revient de facto à «écarter l’édition indépendante, petite ou moyenne», résume-t-il.
De son côté, Jean-Baptiste Passé rappelle que «cet événement sera gratuit pour les visiteurs». Un choix assumé en cette année où la lecture est déclarée «grande cause nationale», et où le salon revient après deux années d’absence liée à la pandémie. «Ne bénéficiant d’aucune subvention publique, j’ai dû redéfinir le modèle économique, en sachant que le Grand Palais éphémère ne permettra malheureusement pas d’être une vitrine exhaustive de l’édition française», concède le directeur. Alors que 13 000 mètres carrés étaient occupés porte de Versailles, où se sont tenues les dernières éditions, la surface commerciale exploitable du nouveau lieu est réduite à 6 500 mètres carrés. «C’est certes frustrant et imparfait, mais nous devons tous ...
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