Le discours de Justine Triet dans la chambre d’écho démultiplié de la cérémonie du palmarès cannois aura au moins eu le mérite une fois de plus de faire sortir du bois tous ceux qui, sans même s’en rendre compte, portent haut et fort cette idéologie démagogique qu’elle entendait dénoncer. Personne ne s’étonnera évidemment que ceux qui fulminent le plus bruyamment estiment, air connu, que la création dans le pays vit sous assistance respiratoire des subsides publics, que le cinéma est un écosystème néobobo d’enfants gâtés pourris qui ne jurent que par la radicalité d’un auteurisme sans garde-fou entièrement payé par «nos impôts». C’est un vieux vent mauvais qui souffle en continu mais avec une intensité variable et surtout désormais depuis les rangs des champions de la fausse tempérance centriste hululant à la mort contre une cinéaste immédiatement taxée d’extrême gauchisme et d’ingratitude (sous entendu : oser mordre la main généreuse qui vous nourrit) lors même qu’elle accomplissait leur rêve d’ascension de la première marche du podium, première de cordée ayant passé tous les tests (il y avait Captain Marvel au jury !) mais ne s’exprimant pas dans le langage qu’ils escomptaient d’une telle winneuse.
Soutien automatique
Or, le coup des subventions, c’est le monde à l’envers car s’il y a bien un secteur qui ne repose pas sur les...