Alors que les JO populariseront encore davantage la breakdance cet été, les députés ont voté jeudi 7 mars l’adoption d’une loi visant à professionnaliser toutes les danses. Une décision fortement critiquée par une partie du secteur hip-hop, promue comme «égalitaire» par les autres.
Une vision «colonialiste de la culture hip-hop», concluait sur Konbini le danseur et chorégraphe Fabreezy. Au contraire, rétorquaient d’autres acteurs des danses urbaines, plutôt la «juste réparation d’une situation inégalitaire». Les députés ont finalement adopté jeudi 7 mars la proposition de loi 1149, texte controversé dans le secteur visant à «professionnaliser l’enseignement» de toutes les danses dans leur diversité. Aussi curieuse semble la situation, les enseignants de danses hip-hop n’ont toujours pas acquis le même statut, les mêmes devoirs et les mêmes droits que les enseignants des danses dites académiques. En effet, seuls les professeurs de danse classique, jazz ou contemporain peuvent aujourd’hui obtenir le diplôme d’Etat (DE) niveau bac +3 établi par la loi de juillet 1989, indispensable pour exercer en conservatoires territoriaux, indispensable aussi pour passer le concours de la fonction publique, en gravir des échelons, bénéficier de ses conditions de promotion et de reconversion, ou pour travailler avec l’éducation nationale, sauf à justifier du statut d’artiste-interprète.
«Sélection sociale»
Contrairement à ce que certains députés de gauche avançaient jeudi dans l’hémicycle, la communauté hip-hop est loin d’être cet ensemble homogène uniformément pour ou contre son intégration dans le dispositif du DE. Comme Libé le rappelait le mois dernier, depuis vingt-cinq ans, elle se déchire au contraire autour des craintes d’institutionnalisation mais de la nécessité d’obtenir un cadre plus protecteur, à la fois pour les pédagogues et pour les élèves. Au tournant des années 2000, la création du diplôme avait été massivement rejetée par le secteur parce que les propositions émanaient exclusivement d’«en haut», d’une institution qui avait honteusement tardé à considérer dans leur pleine légitimité ces pratiques urbaines nées dans des communautés populaires stigmatisées. Mais aujourd’hui, la demande émane du terrain.
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