Contraintes d’annuler leur saison, les grandes manifestations internationales de spectacle vivant tentent de recaser leur programmation à l’automne. Au risque de créer des embouteillages.
Dans le rôle de Sisyphe, les équipes des grands festivals printemps-été. Dans le rôle du rocher, la masse des créations théâtrales et chorégraphiques avortées qu’elles espèrent pouvoir repousser. Dans le rôle de la côte à gravir, le calendrier de juillet à l’automne 2020. Dans le rôle du méchant, perché là-haut dans le Tartare, et qui pourrait shooter dans la pierre et la faire redévaler en bas de la pente, le virus, bien sûr, et sa capacité à différer encore et encore la réouverture des frontières internationales d’une part, des salles de spectacle de l’autre. Lundi, le conseil d’administration du Festival d’Avignon a entériné l’annulation de la 74e édition et annoncé qu’il songeait à organiser une semaine de présentation de quelques spectacles à la Toussaint, en alliance avec certains théâtres du off. A l’instar d’Avignon, certains festivals internationaux se sont en effet lancés depuis quelques semaines dans un énorme Tetris qui consiste à recaser une partie ou la totalité de leur programmation dans les trous épars laissés par les parallélépipèdes des saisons théâtrales de l’automne. Au risque de «créer un embouteillage et des accidents collatéraux, met en garde Jean Varela, directeur du Printemps des comédiens à Montpellier (Hérault), qui n’a pour l’heure pas choisi cette option. D’une part, un festival n’est pas un catalogue. D’autre part, certaines équipes sont plus fragiles que d’autres. Peut-être ne faut-il pas chercher à sauver toutes les productions coûte que coûte, mais faire du cousu main ?»
«Scénario»
Pendant ce temps, son voisin de palier à Montpellier, Jean-Paul Montanari, travaille d’arrache-pied à construire avec son équipe un festival Montpellier Danse 40 bis, du 20 septembre au 31 décembre. L’annulation de son festival international de danse, normalement prévu fin juin, ce serait 400 000 euros de recettes perdues (sur un budget de 3,3 millions) et, couplée avec celle du massif Printemps des comédiens, la perte du principal pourvoyeur de cachets des intermittents du département. L’offre de spectacles n’étant pas aussi tendue qu’en Ile-de-France, «nous avons donc décidé d’essayer de faire en trois jours ce qui prend habituellement un an et demi : nous glisser dans la programmation de l’ensemble des salles montpelliéraines, persévère-t-il. Pour les intermittents techniques, ce serait déjà ça. Si on doit annuler le scénario automnal, je paierai tout. Mais cela voudra dire que nous vivons déjà dans un monde où les festivals de danse n’ont plus grande importance».
Le report d’une petite partie de la programmation à septembre ou novembre est également un scénario qu’envisage l’équipe du...
Lire la suite sur next.liberation.fr