Un décret paru mardi autorise des dérogations à la limitation à 5 000 personnes pour les rassemblements. Une nouvelle complexité dans les mesures sanitaires qui empêche toute visibilité pour les acteurs culturels.
Depuis des semaines, difficile de suivre les logiques à l’œuvre derrière les nouvelles consignes émises par le gouvernement au sujet des rassemblements publics, notamment des jauges qui encadrent les pratiques culturelles. Alors que le décret du 10 juillet réitérait l’interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes «jusqu’au 31 août», les récentes évolutions évoquent une limitation à géométrie de plus en plus variable, assortie de régimes dérogatoires. Aux dépens de certains secteurs comme le spectacle vivant, avides de se remettre en état de marche, mais incapables d’anticiper la reprise d’une activité rentable faute d’un cadre réglementaire qui les y autorise.
Affront
Face à leur désarroi, la décontraction affichée le 24 juillet au Puy du Fou (Vendée), qui accueillait 12 000 personnes lors d’un grand spectacle en plein air, a pu faire figure d’affront. La parade consistait à répartir le public entre trois tribunes, elles-mêmes séparées par des vitres en Plexiglas. Sur fond de rappel à la loi par le préfet des Pays-de-la-Loire, renchéri par l’indignation d’un secteur culturel qui dénonce deux poids deux mesures, la direction du parc à thème a dû jurer qu’on ne l’y prendrait plus, s’engageant à revoir sa politique d’accueil conformément au plafond des 5 000 spectateurs en vigueur.
Depuis, un décret paru mardi au Journal officiel ouvre la porte à un assouplissement légal de ces contraintes de plafonnement. Il prévoit qu’à compter du 15 août, «le préfet de département peut accorder à titre exceptionnel des dérogations», permettant la tenue de certains événements au-delà de 5 000 personnes. Quitte à ce que les jauges s’imposent bientôt comme un pourcentage indexé aux capacités de chaque lieu, plutôt que sous la forme d’un plafond fixe ? Assujettis au respect de la distanciation physique, les rassemblements feront l’objet d’une analyse au cas par cas, en fonction de la situation sanitaire du territoire concerné et du protocole mis en œuvre par ses organisateurs pour «prévenir les risques de propagation du virus».
Paradoxalement, la nouvelle donne survient dans le contexte d’un renforcement des discours de vigilance par les pouvoirs publics, sur fond d’augmentation de la circulation virale. Elle coïncide aussi et surtout avec la reprise prochaine des championnats de football professionnels. La perspective pour les concerts, spectacles et festivals (dans l’attente d’états généraux annoncés par Roselyne Bachelot à la rentrée) de bénéficier en nombre de ces dérogations n’est pas connue, et n’apparaît pas d’une évidence criante au regard du silence Rue de Valois.
Plus que jamais, les signaux envoyés cette semaine s’expriment essentiellement en faveur d’une relance de l’événementiel, du tourisme et des affaires, comme attesté lundi par l’annonce de Franck Riester - désormais ministre délégué du Commerce extérieur et de l’Attractivité. Dès le 1er septembre, l’activité des foires et salons professionnels pourra reprendre, y compris dans des lieux «permettant d’accueillir plus de 5 000 personnes». Un sujet clé pour les manifestations d’ampleur prévues à l’automne, comme la Foire internationale d’art contemporain ou Paris Photo, dont on ignore encore quelles seront les modalités d’accueil concrètes au Grand Palais.
Rétropédalage ?
Pour autant, la France n’est pas à l’abri d’un rétropédalage, comme observé en Belgique récemment. Après avoir procédé à l’augmentation des...
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