Les syndicats professionnels du secteurs confirment que les aides de l’Etat ont permis aux cinémas, théâtres et librairies de survivre à la crise sanitaire.
Mardi 21 juin sur France Inter, la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, a assuré que «le secteur [culturel] a tenu bon pendant la crise grâce à toutes les mesures, à tout le soutien de l’Etat. 14 milliards d’euros ont été déployés pour les faire tenir. Il n’y a pas un cinéma qui a fermé, il n’y a pas un théâtre qui a fermé, il n’y a pas une librairie qui a fermé». Il est bien évidemment ici question d’établissements qui auraient mis définitivement la clef sous la porte et non pas de fermetures dues aux confinements.
Les syndicats du cinéma, du théâtre et des libraires donnent raison à la ministre
Contactés par CheckNews, les syndicats professionnels des secteurs cités donnent raison à la ministre de la Culture. «Je vous confirme qu’il n’y a aucun cinéma qui a fermé du fait de la crise sanitaire et grâce aux aides de l’Etat», indique Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français.
Idem côté théâtres, où le président du Syndicat national du théâtre privé, Bertrand Thamin, nous «confirme les propos de la ministre. Le bouclier a bien fonctionné pendant la crise et effectivement, à ma connaissance, aucun théâtre n’a fermé». Il estime néanmoins que «le plus dur est devant nous, car le public n’est pas franchement revenu et notre stigmatisation comme activité “non-essentielle” a laissé des traces profondes. Il y a donc urgence à muscler le plan de relance, car l’avenir est loin d’être serein».
Un avis partagé par Philippe Chapelon, délégué général de La Scène Indépendendante - Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacle: « à notre connaissance aucun théâtre ou salle de spectacles n’a été contraint de déposer le bilan depuis la crise de la COVID-19, notamment en raison d’un soutien important des aides mises en place par le ministère de la Culture et le Gouvernement en direction des entreprises du secteur du spectacle vivant. Les 50 théâtres et salles de spectacle adhérents à La Scène indépendante ont pu en effet passer ce cap difficile grâce à la fois à des dispositifs d’aides sectorielles (gérées par les fonds de soutien du secteur : CNM – Centre National de la Musique et ASTP – Association pour le soutien du théâtre privé), mais aussi grâce à des dispositifs d’aides nationaux (activité partielle, fonds de solidarité…) ».
Sollicité, le délégué général du Syndicat de la librairie française, Guillaume Husson, donne également raison à Rima Abdul-Malak, notant qu’ «à notre connaissance, aucune librairie n’a fermé du fait de la crise sanitaire directement. Au contraire, la vague de reprises et de créations de librairies s’est renforcée durant cette période». Il note toutefois une exception : «La librairie le Point à Paris, qui a fermé ses portes récemment, impactée durablement par le changement de modes de travail – développement du télétravail – dans le quartier d’affaires où elle était implantée – Gare de Lyon». Même son de cloche du côté du secteur d’activité de la librairie ancienne, dont le syndicat n’a eu connaissance «d’aucune fermeture de librairie, même si ceux qui vendent uniquement en boutique ou sur les salons ont souffert».
Des fermetures, mais pas imputables au Covid
En effectuant des recherches dans la presse quotidienne régionale, CheckNews n’a pas non plus constaté de fermetures de cinéma, théâtres ou librairies en raison de la crise du Covid. Certes, on a pu observer à Romorantin la fermeture du cinéma le Palace en octobre, mais c’était au profit d’un nouveau multiplexe ouvert par le propriétaire dans la même ville. Quant à la fermeture de l’enseigne Gibert Jeune sur la place Saint-Michel à Paris, les raisons invoquées par son propriétaire lors de la cession d’activité remontaient à l’avant-Covid. «Nous avons subi une série de difficultés extérieures : le mouvement des Gilets jaunes, les grèves, les travaux sur la ligne du RER C entraînant la fermeture de la station Saint-Michel, l’incendie de Notre-Dame et enfin la crise Covid avec la désertion du quartier latin de Paris. Ces événements successifs ont gravement porté atteinte aux magasins de la place Saint-Michel et à une enseigne, Gibert Jeune, déjà fragilisée», déclarait ainsi la librairie au Parisien.
Prévue pour juillet 2022, la fermeture déjà citée de la libraire le Point à Paris ne semble, elle non plus, pas directement imputable au Covid. Dans un article publié par le site ActuaLitté, ses propriétaires expliquent que le déclin se faisait sentir depuis des années : «L’ensemble Gamma [le centre commercial dans lequel la librairie est située, ndlr] est construit sur un modèle qui ne se fait plus. A l’époque, le centre desservait trois tours de bureaux, quand Gare de Lyon était le premier quartier d’affaires avant la Défense. Aujourd’hui, les tours sont vides depuis cinq ans. De plus, on subit le télétravail depuis l’arrivée du Covid 19 et, pour un quartier d’affaires, ce n’est pas bon.»...
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