Dans une lettre ouverte, le Syndeac (Syndicat National Des Entreprises Artistiques et Culturelles) évoque les enjeux de la reprise des maisons de création et diffusion, ainsi que le maintien nécessaire des budgets attribués à la culture :
"Les équipes artistiques et les maisons de création et de diffusion, ensemble et solidaires.
Chacun.e d’entre nous, à son poste, affronte les doutes et les inquiétudes face à la situation sanitaire actuelle. De ce point de vue les interventions successives du Premier ministre et du Président de la République n’ont guère apporté de réponses concrètes, ni de perspectives claires sur les conditions de réouverture et d’accueil du public.
La mise en œuvre des préconisations sanitaires ouvre une période de contraintes inégalées dont nous ne connaissons pas la durée. Déjà certaines équipes artistiques s’emparent de ces contraintes pour « faire quand même », faire autrement, être « corona-compatibles », certaines imaginent combiner les représentations à des espaces de réflexion en journée, d’autres, sans s’imposer déjà de rendez-vous avec le public, se tournent vers une phase de laboratoire ou de répétition. Les maisons de création et de diffusion font le même effort d’inventivité pour rouvrir aux artistes, d’abord et vite, aux publics, dans un second temps. Toutes ces approches sont respectables, toutes, à coup sûr, demandent une collaboration accrue entre nous, les lieux de création, de diffusion et les artistes du spectacle vivant.
Les annulations de spectacles depuis le fatidique 15 mars ont déjà provoqué des dégâts artistiques et économiques considérables. Les équipes artistiques, alors qu’elles sont la force première de l’emploi artistique dans notre pays, ont souvent été les grandes perdantes et pour trop d’entre elles les conditions d’annulation restent toujours floues ou ne sont pas en accord avec les préconisations du Syndeac reprises dans un second temps par le ministère de la Culture. Dans cet état de fragilité accrue, les équipes artistiques doivent désormais faire face à une situation imprévisible sur le long terme. Les saisons à venir s’annoncent pleines de défis. Il va nous falloir vivre longtemps avec ce virus. C’est pourquoi retarder l’ouverture des lieux de diffusion ou de création de 2 mois, de 3 mois, en novembre, en décembre, en janvier n’a pas de sens. La seule mesure valable consiste à préparer ensemble, maisons et artistes, la relance de l’activité artistique. Nous l’exprimons ensemble, aujourd’hui.
Dans ce contexte les lieux publics subventionnés, par la nature de leurs financements, sont pour l’instant moins exposés, même si, hélas, des premières menaces de baisse de financement en provenance des collectivités territoriales, apparaissent, et doivent nous mobiliser. Leurs subventions leur permettent, à tout le moins, d’assurer le fonctionnement et les rémunérations de leur personnel permanent. Ces lieux, l’activité qu’ils déploient sont le bien commun des citoyen.e.s, des publics, des équipes permanentes et des équipes artistiques. Ils se doivent d’autant plus, en pareille circonstance, de monter en première ligne, de déployer toutes leurs capacités pour protéger la création en préparant dès à présent les conditions sanitaires de la réouverture. C’est éthiquement leur raison d’être. Si les conditions sanitaires devaient...
Lire la suite sur syndeac.org