De retour après une année blanche, la foire internationale d’art contemporain parisienne se tient au Grand Palais Éphémère jusqu’à la fin du week-end. Si les événements qui ont traditionnellement lieu dans son sillage n’ont pas tous survécu à la crise du Covid, ceux-ci sont mieux ciblés que jamais.
L’an passé, en pleine pandémie mondiale, la Fiac déposait les armes. Mais toute la galaxie de petites foires qui, depuis quelques années, s’agrègent à cette locomotive du marché de l’art ont essayé de tenir. Cette année, c’est un tout autre scénario qui se dessine dans la capitale, avide de retrouver son événement phare de l’art contemporain. Tandis que la Fiac investit, sur le Champ-de-Mars, la nef de bois et de plastique du Grand Palais Éphémère, d’autres manifestations plus modestes baissent le rideau. Galeristes, la foire 100 % made in France qui se tenait habituellement au Carreau du Temple, a jeté l’éponge. Outsider Art Fair, axée sur l’art brut, est décalée en mai. Quant à Art Élysées, elle devient Moderne Art Fair, nouveau rendez-vous plus moderne que contemporain. Affirmer une identité plutôt qu’une nationalité ou concocter un format sur-mesure semblent être des atouts pour faire son trou en marge du grand manitou. Asia Now a à cet égard parfaitement pris le pli en proposant des projets d’expositions plus aboutis, mieux construits, tout en faisant un état des lieux de la création actuelle asiatique et orientale. Petit tour d’horizon des survivantes.
Moderne Art Fair : nouveau concept, vieilles recettes
Si cette nouvelle foire truste le créneau et l’emplacement laissés vacants par Art Élysées, elle sait aussi tirer les leçons des égarements de son aînée. Moins gourmande, plus cohérente, la novice met l’accent sur l’art moderne en resserrant son programme autour de cinquante-cinq galeries (contre soixante-quinze lors de la dernière édition d’Art Élysées). Une manière de se démarquer de ses concurrentes, largement tournées vers les artistes émergents, tout en misant sur des valeurs sûres. Des œuvres de Fernand Léger à découvrir sur le stand de la galerie Messine à celles de Jean Dubuffet chez Baudoin Lebon, en passant par Bengt Lindström à la galerie Lacan ou encore Victor Vasarely chez Perahia.
D’aucuns peuvent y voir une forme de réhabilitation de la figure de l’expert, du marchand d’art qui connaît son sujet et ses artistes. Comme Alexandre Iolas (1907-1987), mythe truffé de légendes, promoteur des surréalistes et nouveaux réalistes auquel la foire consacre une exposition-hommage en dévoilant quelques pièces maîtresses de sa collection signées Chirico, Ernst et Fontana. À ce voyage dans le temps et les courants, il faut ajouter quelques percées vers l’art contemporain sculptural et le design, avec notamment la série Ionik, réalisée par Anthony Guerrée, en coproduction avec l’Atelier Jespers à Bruxelles et les marbreries de la Seine.
Asia Now : à l’Est, que du nouveau
Après l’Inde, Asia Now s’intéresse cette année à la frémissante scène artistique iranienne. Parmi les quarante galeries internationales invitées, neuf ont fait le déplacement depuis Téhéran. L’opportunité d’admirer les peintures ésotériques de Mimi Amini ou les dessins crépusculaires de Sarah Abbassian. Sans oublier le programme vidéo confié à Odile Burluraux, conservatrice au musée d’Art moderne, qui met en lumière le travail d’artistes iraniennes.
Cette ouverture vers l’est, voulue par la fondatrice, Alexandra Fain, confirme le positionnement de cette foire qui parle d’Asie au pluriel, au sens large, sans jamais ignorer le contexte géopolitique qui entoure et parfois contraint la création. Au programme : des tables rondes autour des enjeux écologiques, de la situation des artistes en Afghanistan animées par le collectif Thanks For Nothing ou un partenariat reconduit pour la troisième fois avec le musée Guimet, qui présente une installation de Thu-Van Tran et une exposition de Huong Dodinh, deux artistes franco-vietnamiennes. N’oublions pas le très attendu Making Worlds Exist, un projet piloté par Kathy Alliou, responsable aux Beaux-Arts de Paris : neuf plasticiens passés par l’école se sont inspirés du phénix des champignons, le matsutaké, qui a la particularité de ressusciter sur les sols épuisés par la sylviculture en créant des alliances vitales. Un sujet parfaitement raccord avec le thème de cette édition : «Les arts de vivre sur une planète endommagée».
Paris Internationale, frondeuse chic et choc
Depuis son lancement en 2015, Paris Internationale a rebattu les cartes des foires traditionnelles en innovant avec son format nomade qui prenait possession de lieux en transition, tels que les anciens locaux du journal Libération ou une supérette désaffectée l’année dernière. Un espace insolite, certes, mais ramassé, qui l’avait contraint à supprimer les stands et à réduire le nombre d’exposants. L’édition 2021 marque au contraire un retour à la normale avec une cuvée de trente-six galeries (clairement balisées cette fois), dont une vingtaine de nouvelles recrues venues de Dubaï, Chicago, Buenos Aires, Lima, Washington ou Tbilissi. En 2021, la plus internationale des foires off prend ses quartiers dans un immeuble parisien encore dans son jus, avec moulures, vitraux et papiers peints datant du XIXe siècle. Un cadre classieux qui ne manquera pas de créer ...
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