I Hate Models avait prévu de jouer dans la cité phocéenne, le 18 mai, quatre heures après un set à Leipzig, en Allemagne. “C’est une aberration écologique, économique et sociale”, a fustigé le festival pour justifier l’éviction de l’artiste.
C‘est une première française. Et l’on sent bien que ce coup de semonce a aussi pour but de réveiller un milieu musical qui, malgré ses déclarations d’intention écoresponsable, peine encore à faire suivre les mots par des actes… Le festival électro Le Bon Air, qui accueille depuis 2016 à Marseille la crème des DJ et producteurs internationaux, a annoncé sur son compte Instagram qu’il déprogrammait l’artiste français I Hate Models, initialement à l’affiche le samedi 18 mai. Dans son communiqué, il donne la raison de cette annulation : « Aucun.e artiste n’a jamais emprunté de jet privé pour venir jouer au festival […]. C’est une aberration écologique, économique et sociale que nous refusons systématiquement. »
Joint par Télérama, son directeur, Cyril Tomas-Cimmino, revient sur cette décision inhabituelle prise par le festival : « Il ne s’agit pas de pointer un artiste que nous avons déjà accueilli et que nous aimons beaucoup. Mais bien d’une question de responsabilité écologique et d’éthique citoyenne : un jet privé consomme cinquante fois plus qu’un train, et quinze fois plus qu’un avion de ligne. Dans le milieu, ce qu’on appelle le double booking – un artiste se produisant dans deux festivals le même jour – est monnaie courante. Mais que cet artiste joue le même jour à Leipzig, en Allemagne, pour se produire cinq heures plus tard à Marseille, ne justifie absolument pas selon nous qu’il utilise un jet privé. Il le savait, puisque nos contrats de production stipulent que tout artiste se produisant chez nous doit favoriser le train ou, à défaut, quand il ne peut faire autrement, un avion de ligne. » Et de préciser à nouveau que les soixante-dix autres artistes à l’affiche cette année (Nina Kravitz, Laurent Garnier, Floating Points…) ont tous respecté cet engagement, tout comme les autres artistes invités durant les éditions précédentes.
Cette feuille de route écoresponsable n’est pas la seule mesure prise par le Bon Air. Depuis plusieurs années, afin d’avoir un meilleur bilan carbone, le festival a mis en place des résidences pour les têtes d’affiches internationales, qui restent trois jours sur place aux côtés d’artistes locaux. « L’an passé, l’Américain Nicolas Jaar nous a chaleureusement remerciés pour cette initiative. Cette année, l’Allemande Helena Hauff, l’Anglaise Sherelle et la Marocaine Vanda Forte ont elles aussi accepté de jouer le jeu d’une résidence de trois jours. On assiste à une prise de conscience écologique chez de nombreux artistes. Ensemble, on peut faire avancer les consciences. Le monde de la culture doit être porteur de sens, sinon à quoi sert-il ? »
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