C'est un soulagement limité qui prévaut dans les rangs des acteurs de la culture privée après l'annonce du calendrier de déconfinement. Tous ne sont pas logés à la même enseigne et pour certains, la reprise est impossible ou dangereuse.
Une bonne nouvelle pour les fêtes. Le Président de la République a annoncé la réouverture, le 15 décembre, des cinémas et des théâtres de moins de 1.000 places fermés en octobre. C'est un retour à la situation antérieure au reconfinement, avec toujours distanciation et couvre-feu de rigueur. Mais le ticket d'entrée pourra désormais servir de justificatif pour rentrer chez soi, sauvant ainsi les séances du soir. La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a enfin été entendue.
Les plus satisfaits, ce sont les cinémas. « On ne voulait pas rouvrir trop tard. Décembre, c'est 12 % de notre chiffre d'affaires annuel, jusqu'à 25 millions d'entrées. Et il ne fallait pas trop faire attendre les films sortis avant le confinement », souligne Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français. En l'absence de films américains, les longs-métrages tricolores sont suffisamment diversifiés pour plaire à tous, espère-t-il. Quant aux jauges dégradées, elles tâcheront d'être compensées par la hausse du nombre de séances.
En rangs dispersés
Du côté des théâtres privés, on se montre un peu plus réservé. « Ce n'est pas l'optimisme béat. On est toutefois soulagé, même s'il faudra désormais laisser vide le fauteuil à gauche et à droite d'un groupe de six personnes au lieu de dix précédemment. Soit une jauge d'environ 65 %. Mais avec le fonds de compensation, cela ira », veut croire Bertrand Thamin, président du Syndicat National du Théâtre Privé.
Discours plus nuancé d'Aurelien Binder, le directeur du pôle entertainment de Fimalac, qui coiffe de grands théâtres, des Zénith, et des sociétés de production. « Pour nos théâtres, cela semble injouable. Le fait de rouvrir ne veut pas dire que le spectateur viendra, avec des timings très courts et un virus toujours là », craint-il. Pour lui, seuls les théâtres subventionnés et les petits lieux en profiteront. « Il ne faut plus exposer nos entreprises en creusant encore davantage nos pertes. Le redémarrage de l'automne suivi d'un coup d'arrêt nous a fait très mal. » Quant aux concerts, les jauges ne sont pas adaptées, et, « faute de visibilité, nos shows ont été décalés à l'automne 2021 », explique Aurélien Binder.
Sans musique et sans cabaret
« Tous les acteurs ne peuvent rouvrir. Certains ont des délais de reprise plus longs, n'ont pu lancer des répétitions sans perspective de tournées », confirme Malika Séguineau, directrice générale du Prodiss. Le syndicat du spectacle privé réclame un calendrier de reprise en 2021 pour les grandes jauges et les jauges debout, espérant une réouverture progressive, avec le minimum de conditions, à compter du 20 janvier.
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