Depuis jeudi, de plus en plus de scènes dans tout le pays sont investies par des intermittents et apprentis comédiens. Ils veulent faire entendre la détresse de leur secteur, éreinté par l’absence totale de perspectives.
«Le printemps arrive ! La jeunesse est là ! Elle parle et avec elle l’espoir. Toujours.» Cet après-midi, l’auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad a exprimé, par communiqué, son soutien aux dizaines d’étudiants en école d’art occupant depuis mardi après-midi le théâtre national qu’il dirige – la Colline. «Ils sont ici chez eux. Nous relaierons leurs messages et les accueillerons au mieux de nos moyens jusqu’à la fin de leur geste.» Initié jeudi à l’Odéon, par la CGT spectacles pour protester contre le sort réservé à la culture par le gouvernement, le mouvement d’occupation des théâtres s’amplifie de jour en jour : après l’Espace pluriels de Pau occupé depuis lundi, le Théâtre national de Strasbourg et la Colline, occupés depuis mardi, c’est au tour d’Equinoxe, scène nationale de Châteauroux et du théâtre Graslin à Nantes de rejoindre ce mercredi après-midi la mobilisation, laquelle trouve une chambre d’écho privilégiée chez les étudiants. Des élèves en écoles d’art et d’art dramatique, de 18 à 30 ans, tenant d’une part à apporter leur soutien aux revendications de l’Odéon (réouverture des lieux culturels et prolongation de l’année blanche pour les intermittents) mais également à faire entendre leurs inquiétudes quant à leur situation d’apprentis comédiens (ils demandent des mesures d’accompagnement vers l’emploi).
Réunions prévues avec le gouvernement
Sur le front alsacien, où les élèves du Théâtre national de Strasbourg ont affiché des banderoles «Culture sacrifiée, génération en péril» sur la façade du bâtiment, les occupants ont reçu le soutien de plusieurs artistes de la maison comme Valérie Dréville ou Nicolas Bouchaud. «Nous allons réveiller notre théâtre, entendait-on depuis une fenêtre, comme le relayait Mediapart. Peut-être est-ce cela dont il s’agit, non pas occuper ce théâtre qui nous est déjà ouvert mais lui rendre vie, l’habiter, lui rendre sa place du vivant et l’expression de ceux qui n’ont pas toujours la voix pour parler. […] Notre occupation se veut pacifique. Il s’agit pour nous de nous installer vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans l’enceinte du théâtre, tout en permettant, dans la mesure du possible, le bon déroulement des activités qui s’y passent. Notre but n’est pas d’entraver la création artistique mais bien de la soutenir et de faire entendre la détresse de ceux et celles qui la portent aujourd’hui.» Au micro de France Musique, le secrétaire général de la CGT spectacles, Denis Gravouil, se réjouissait ce matin de cet élan : «On les soutient et on est très heureux que des étudiants participent à ce mouvement.» Il affirmait également que d’autres occupations pourraient commencer dans les prochains jours. A moins que les réunions prévues demain entre le gouvernement et les syndicats du cinéma et du spectacle vivant ne contribuent soudainement à donner du souffle à un secteur éreinté par l’absence totale de calendrier.
«L’Odéon n’est pas un fort retranché»
Leur ministre, Roselyne Bachelot, en a donné un avant-goût, évoquant des «annonces substantielles à faire pour ce monde de la culture que nous voulons protéger». Quant à l’occupation – dont elle a eu un bon aperçu en se rendant à l’Odéon samedi – elle juge le...
Lire la suite sur liberation.fr