Un arrêté préfectoral, paru le 29 septembre, dans le cadre de la lutte contre la covid, créé le malaise : transporter du matériel musical en voiture est désormais interdit. Ce qui inclut aussi bien les platines que les instruments de musique.
« J’ai d’abord vu l’arrêté sur les réseaux sociaux. J’ai cru que c’était une blague. Je suis allé vérifier sur le site de la préfecture. Et ça n’en était pas une. C’est complètement fou ! »
Gael Lefévère est musicien professionnel, intermittent du spectacle. Il joue de la bombarde dans le groupe de fest-noz Hiks. Comme beaucoup de musiciens, il est abasourdi par l’arrêté préfectoral publié le 29 septembre, en même temps qu’une série de mesures pour faire face à la pandémie de la covid-19. Cet arrêté stipule que « sont interdits, à compter du 29 septembre, et jusqu’au 13 octobre, la tenue de rassemblements festifs à caractère musical et la circulation des véhicules transportant du matériel, susceptible d’être utilisé pour une manifestation festive à caractère musical, répondant à l’ensemble des caractéristiques énoncées à l’article R.211-2 du code de la sécurité intérieure ».
« Ça veut dire qu’on ne peut plus transporter nos instruments de musique ? C’est incompréhensible. Comment dès lors répéter ? », s’interroge Gael.
Youen Paranthoen, accordéoniste, membre du groupe Spontus et du collectif Clam, est lui aussi plongé dans un abîme de perplexité. « On se trimballe toujours avec nos instruments. Ce lundi, je dois aller répéter. Je vais circuler avec mon accordéon. Je peux être verbalisé » ?
Les free parties dans le collimateur
Yves Marie-Texier, comédien et metteur en scène de la compagnie Mouton Major, qui travaille avec beaucoup de musiciens, ne décolère pas. « Comment interpréter cet arrêté ? On ne peut plus circuler avec des instruments de musique. Les copains qui vont venir répéter, on va prendre leur matériel ? On va leur donner une amende ? C’est complètement fou. On touche à des libertés fondamentales. C’est complètement liberticide. On nous dit que c’est pour les teufeurs. Mais l’arrêté est flou et ça peut être au libre arbitre du gendarme. »
Certains concerts ont d’ores et déjà été annulés ce week-end. C’est le cas d’une soirée qui devait se dérouler dans un bar associatif de la Roche-Bernard (56), au profit de l’association SOS Méditerranée. Dans le doute, les organisateurs ont préféré annuler. Au grand dam de Marc Ricordel, clavier et guitare du Next Quartet, un groupe de jazz de la région de Vannes, qui devait s’y produire. « C’est n’importe quoi. Je vais répéter à Lorient la semaine prochaine et j’aurais mes instruments dans la voiture. Tant pis si on m’arrête. »
Face à la bronca, la préfecture, sollicitée, précise : « Le transport de matériel est interdit pour des manifestations qui font l’objet de diffusion de musique amplifiée dans des lieux non aménagés pour ce type de manifestation. Ces manifestations avec rassemblement de personnes qui, dans la plupart des cas, doivent être...
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