Roselyne Bachelot a réuni vendredi les représentants syndicaux du secteur, leur demandant jusqu’où ils étaient prêts à aller en termes de protocole sanitaire, sans toutefois évoquer la réouverture des salles.
Quand on n’attend rien, on se prémunit d’une déception. Aucune bonne nouvelle pour la culture n’aura découlé de la fameuse «clause de revoyure» du 7 janvier, durant laquelle Jean Castex et Olivier Véran ont fait le point sur la situation sanitaire toujours préoccupante de ce début d’année. Malgré quelques institutions théâtrales ou lyriques pied au plancher qui espéraient assurer des dates pendantes à partir du 8 janvier, le secteur avait globalement fait le deuil d’une réouverture des salles ce mois-ci : le prochain rendez-vous d’étape est fixé au 20 janvier, a indiqué le Premier ministre, pour étudier l’hypothèse d’une réouverture début février.
Echaudée par l’expérience des désillusions précédentes, Roselyne Bachelot insistait cependant vendredi matin au micro de France Info : «Ne recommençons pas à enfermer la décision politique dans des dates.» Et renvoyait à la consultation d’une expérience réalisée à Barcelone montrant la probabilité quasi inexistante de contagion dans les salles de spectacle sous certaines conditions, qui pourrait servir de socle à de nouveaux dispositifs d’accueil.
L’après-midi même, son cabinet menait en sa présence une concertation avec les représentants du secteur. La Fédération nationale des cinémas y a fait valoir son désir de rouvrir vite, «avant les vacances de février, même dans des conditions dégradées de type couvre-feu», rapporte le délégué général Marc-Olivier Sebbag. Si la filière s’est trouvée encouragée à faire remonter des «idées supplémentaires» pour perfectionner ses protocoles sanitaires, celle-ci avait la récente décision du Conseil d’Etat de son côté pour en défendre le caractère inattaquable. Et a insisté d’une même voix sur la nécessaire restauration du lien avec le public, la menace de laisser le champ libre aux plateformes et le risque de dégradation des conditions de sortie des très nombreux films en stock. «C’est toujours utile de discuter, pour lancer le travail et nourrir leur besace», estime Sebbag en dépit du stade très embryonnaire des discussions.
«Nous demandons à comprendre la logique»
Il n’y a pas été question de l’hypothèse avancée par la ministre sur France Info plus tôt dans la journée : celle d’un échelonnement de la réouverture des lieux en trois temps – musées et monuments d’abord, suivis du cinéma, puis du spectacle vivant. «Le recours des musées au Conseil d’Etat a pourtant reçu la même décision que nous, s’en étonnait le délégué général de la FNCF, et nous avons tous été fermés en même temps. Nous demandons à comprendre la logique.»
Problème de logique aussi lors de la réunion suivante avec les représentants des syndicats du spectacle vivant. «La ministre, relativement pessimiste, a expliqué d’entrée de jeu que la situation générale sanitaire se dégradait. Elle nous a ensuite soumis une liste de six questions destinées à savoir jusqu’où tous les secteurs, que ce soit théâtre public et privé ou musique live, sont prêts à aller dans le cas de figure où le climat sanitaire s’améliore ou reste au statu quo. Car s’il continue de se dégrader, les chances de réouverture sont nulles», explique Nicolas Dubourg, président du Syndéac (Syndicat des entreprises artistiques et culturelles). Rouvririez-vous malgré un couvre-feu ? Rouvririez-vous avec des jauges très dégradées ? Qu’êtes-vous prêts à faire en termes de renforcement du protocole sanitaire ? Pourriez-vous rendre l’e-billetterie obligatoire ? Seriez-vous prêts à faire la promotion de l’appli Tous antiCovid ? Quel est votre point de vue sur la nécessité pour les spectateurs de produire des tests négatifs avant d’entrer dans une salle ?
Baroud d’honneur
Cette série de questions, a priori déroutante, devrait permettre à la ministre de défendre un minimum commun à toutes les facettes du spectacle vivant quand il s’agira, sur le mode baroud d’honneur, de plaider de...
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