Tous les domaines artistiques sont durement touchés par la crise sanitaire. Les premières mesures d’aide annoncées par l’État permettent une gestion partielle de l’urgence. Mais laissent l’avenir, même à court terme, de côté.
Une mauvaise farce. Alors que les festivals prévus en France au mois de juin et les grandes manifestations étrangères de l’été annoncent les uns après les autres leur annulation, c’est ainsi qu’est apparue à beaucoup de ses spectateurs la prestation du directeur du Festival d’Avignon en Facebook Live le 8 avril. « Êtes-vous sérieux ? » commente l’un d’entre eux, tandis qu’Olivier Py annonce une 74e édition sous le signe d’Éros et de Thanatos.
Une prophétie ? Pas selon cet autre internaute, qui accuse en direct l’équipe du festival : « Vous vous moquez du monde, des artistes et des spectateurs. Vous êtes gravement irresponsables. Que direz-vous dans quinze jours quand il faudra annoncer l’annulation ? » La plupart des commentaires désobligeants ont ensuite disparu comme par miracle. Leur avalanche a toutefois donné un indice de l’état actuel des publics du spectacle vivant : contrairement à ce qu’a assuré Olivier Py, il semble peu probable qu’ils se précipitent de sitôt dans les salles.
Dans le milieu des arts et de la culture au temps du corona, l’altière assurance du Festival d’Avignon fait figure d’exception. Secrétaire général de la CGT Spectacle, Denis Gravouil s’inquiète des conséquences d’une « gestion gouvernementale à trop court terme. Toutes les mesures prises jusque-là sont prévues jusqu’au 2 mai, avec encore de nombreux détails à préciser ».
Directeur du cinéma Le Lux à Caen et président du Groupement national des cinémas de recherche (GNCR), Gautier Labrusse dresse un constat semblable concernant le septième art : « Notre visibilité sur l’avenir est nulle. Du fait de l’arrêt forcé que nous connaissons aujourd’hui, tous les calendriers de tournage – annulés jusqu’à nouvel ordre –, de production et de diffusion sont bouleversés. Pour que la reprise d’activité soit possible, il nous faut du temps et des directives précises, qui tardent à arriver. » N’est pas prophète qui veut.
Afin de parer au plus pressé, l’État a répondu aux demandes des organisations professionnelles et syndicales concernant les contrats des structures publiques – ils seront honorés – et l’aménagement de l’assurance chômage pour les intermittents. Mais, selon Denis Gravouil, « la garantie de neutralisation de la période du confinement pour le calcul de la période de référence ouvrant le droit à l’assurance chômage et le calcul des indemnités chômage ne suffit pas. Ce n’est que retarder un problème qui va s’inscrire sur la durée ». Il soulève aussi des imprécisions. Notamment concernant l’application du chômage partiel dans un secteur où le cachet est la règle. Quelle sera sa valorisation pour les calculs en question ? Encore une inconnue.
Du côté du cinéma...
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