La spécialiste de l’économie de la culture Françoise Benhamou salue le «bol d’air» accordé au secteur, mais redoute une affectation inégale des budgets entre Paris et le reste du pays.
Françoise Benhamou, spécialiste de l’économie de la culture et professeure à l’université Sorbonne Paris Nord ainsi qu’à Sciences-Po, revient sur les annonces faites par le gouvernement pour le secteur culturel.
Un plan de 2 milliards pour la culture, c’est trop peu ?
Dit comme ça, au vu de l’impact de la pandémie sur ce secteur en particulier, octroyer 2 % du plan de relance, c’est plutôt peu. Disons qu’en sachant que le budget du ministère tourne habituellement autour du 1 %, doubler le pourcentage c’est… pas si mal. L’Etat avait chiffré les pertes du secteur en 2020 à 22,3 milliards. Les 2 milliards de relance, c’est un bol d’air, c’est bien que ça existe, mais ça ne compensera évidemment pas les pertes. Rappelons que la relance ne se fera pas par la consommation, c’est tout à fait illusoire. Il y a une extrême inquiétude des ménages quant à l’avenir, même s’il y a eu de l’épargne. La culture représente en moyenne 2,35 % du budget des ménages et ce n’est pas parti pour augmenter vu que nous parlons bien de «biens supérieurs», c’est-à-dire qui nous préoccupent après ceux de première nécessité. Donc la relance doit se faire par l’offre, par les investissements. Mais la question centrale, au-delà du chiffre - qui n’est pas ridicule, tout de même -, reste celle de la répartition des attributions et de leurs critères, c’est celle du fléchage des budgets.
Vous redoutez que les moyens ne soient trop concentrés ?
Vu le rayonnement international des institutions culturelles parisiennes les plus prestigieuses, et considérant leurs pertes dues à l’absence des touristes (75 % des visiteurs du Louvre sont étrangers), il est évidemment normal de se focaliser sur elles. Encore heureux, l’Etat ne laissera pas fermer les théâtres nationaux ou l’Opéra de Paris, même s’il risque d’y avoir un impact sur les programmations. Ce à quoi je suis attentive, néanmoins, c’est aux structures plus petites ou privées, au tissu associatif, très local, dans les banlieues, les espaces ruraux. Il faut impérativement préserver...
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