Les artistes lyriques ont donné de la voix pour mettre en garde contre les annulations de leurs contrats et ont fondé l’association UNiSSON pour faire valoir leurs droits. Afin de décrypter la situation, Ôlyrix a pris son bâton de pèlerin et a interrogé une douzaine de directeurs d’institutions. Etat des lieux exclusif:
Un premier constat saute aux yeux : les artistes engagés par les maisons françaises ont bénéficié de conditions largement meilleures que ceux ayant des contrats à l’étranger. L’effort est suffisamment conséquent pour être salué, l’exception culturelle française a encore joué : la très grande majorité des maisons françaises a honoré, au moins en partie, les contrats signés. Loïc Lachenal, Directeur général du syndicat professionnel Les Forces musicales, ainsi que de l’Opéra de Rouen l’affiche clairement : « Les maisons françaises ont été les premières à s’engager à indemniser tous les artistes. Tous ceux qui devaient travailler dans nos maisons seront indemnisés ». Au premier rang de ceux-ci sont les permanents, dont les salaires ont été maintenus, que le chômage partiel ait pu ou non être activé. Les intermittents ont également pu bénéficier de l’extension de la période de neutralisation : ce dispositif spécifiquement français permet de protéger les artistes-interprètes mais également et notamment dans cette crise les techniciens dont les contrats sont signés au dernier moment, et qui n’étaient donc pas nommément ou formellement engagés lorsque les annulations ont été décidées (ni même contactés préalablement par un sms qui peut suffire aux artistes à faire valoir leur contrat).
Restent les solistes dont l’activité ne relève pas de l’intermittence, soit parce qu’ils ne réunissent pas un nombre d’heures suffisants (comme le rappelait René Massis, les chanteurs doivent arriver au premier jour de répétition en connaissant parfaitement leur rôle, ce qui nécessite des périodes de travail personnel qui ne sont pas comptabilisées dans les heures d’intermittence), soit parce que leur rémunération est plus élevée que le plafond maximal (auquel cas ils peuvent "manquer d'heures" de cachet, ou bien l'indemnisation est bien moindre que le revenu perdu), soit encore parce qu’ils choisissent de ne pas y faire appel. Dans ces cas, Loïc Lachenal l’assure (et toutes nos informations le confirment dans l'ensemble) : « Les plus petits cachets ont reçu la quasi-intégralité des sommes prévues ». Concernant les cachets plus importants, les décisions sont prises au cas par cas.
La plupart des opéras ont retenu trois critères pour décider de la part des cachets à payer. Olivier Mantei, Directeur de l’Opéra Comique les énumère ainsi : « Le premier est le travail exécuté ». Une indemnisation plus importante a été octroyée aux artistes ayant déjà débuté les répétitions, voire déjà entamé les représentations. Pour les projets annulés plus en amont, les directeurs d’opéras ont considéré qu’une partie des frais (transport, logement) n’avaient pas été engagés et que la prestation n’avait pas pu être exécutée et l'ont répercuté dans l'indemnisation. « Le second critère est une éventuelle reprogrammation du projet » : dans ce cas, plus la reprise est proche dans le temps, plus la décote a pu être importante (certaines maisons, à l’instar de Massy ou Liège, ont toutefois reporté leurs projets à plus d'un an sans proposer d’indemnisation). Enfin, « le troisième critère est le niveau global de rémunération », c'est-à-dire la somme de l’ensemble des cachets prévus pour toutes les représentations. Loïc Lachenal ajoute un quatrième critère : « Nous avons essayé de prendre en compte l’activité globale de l’artiste ». Là encore, l’objectif est de mieux indemniser les artistes ayant peu de projets dans l’année, et donc se trouvant dans une situation plus difficile confrontés à l’annulation de l’un d’eux. Au final, les indemnités minimales recensées ne descendent pas sous les 25% du montant global prévu. Mais ce traitement étant réservé aux plus hautes rémunérations, cela représente encore (dans le cas qui nous a été confié) près de...
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